Vers la neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix forte : "Eli,
Eli, lema sabachtani? " c'est-à-dire " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi
m'avez-vous abandonné? "
Quelques-uns de ceux qui étaient là, l'ayant entendu,
disaient: " Il appelle Elie. "
Et aussitôt l'un d'eux courut prendre une éponge qu'il
imbiba de vinaigre, et, l'ayant mise au bout d'un roseau, il lui présenta à
boire.
Évangile
selon Matthieu, 27:48
Blasphème –
Subst. masc. Parole ou discours qui
outrage la divinité, la religion ou ce qui est considéré comme respectable ou
sacré. (Le blasphème est à distinguer du sacrilège : le premier consiste en
paroles, le second en actes.) (Larousse)
Si blasphémer est devenu délicat dans un monde comme le
notre qui tolère à l’avance tout ce qui peut outrager une religion quelle
qu’elle soit, il reste quand même quelques rares occasions où des propos ou des
images peuvent blesser violemment les fidèles.
Ainsi de cette image qui montre un acteur (sans doute pour
une procession ou pour une représentation théâtrale) grimé en Jésus dans une
situation diamétralement opposée à la scène évoquée – d’ailleurs pour reprendre
la distinction opérée par Larousse, on se demande si plus que le blasphème on
n’aurait pas plutôt affaire à un outrage : auquel cas on serait en
présence d’un délit.
En effet : supposons que cette scène apparaisse comme une représentation de la réalité. On y voit le Sauveur au moment même de
la Passion (cf. la couronne d’épine et le sang qui en coule) rire en buvant un
soda. Du coup voilà la Bible non seulement profanée avec cette scène de bar insérée dans le cours de la crucifixion mais encore détournée : Jésus faisant de la pub pour Coca-Cola.
Les religieux demandent que de telles atteintes à la foi
religieuse soient interdites et condamnées devant les tribunaux. Les laïques
affirment que ce sont là des libertés fondamentales. On se rappelle que lors
des attentats contre Charlie-Hebdo le débat a fait rage, certains refusant de
dire : « Je suis Charlie » en raison de ses dessins
blasphématoires.
Il n’est pas facile de résoudre ce problème posé par la
liberté de blasphémer. Je me bornerai à dire que, même si la liberté de blasphémer
est un droit fondamental, l’usage de ce droit est soumis à des obligations
morales – obligations qui ne relèvent certes pas du Code civil, mais bien du
respect de l’être humain. Je peux par des propos cruels blesser mon prochain et
lui faire très mal sans jamais outrepasser ce que la loi m’autorise. Mais
est-ce une raison pour que je me l’autorise ?
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