Que tel
enfant déterminé soit procréé, voilà le but véritable, quoiqu’ignoré des
intéressés, de tout roman d’amour ; la façon et les moyens de l’atteindre
sont accessoires.
Schopenhauer – Métaphysique de l’amour.
Pourquoi faisons-on
l’amour ?
Voilà une
question qui paraît bien saugrenue. Nous faisons l’amour parce que nous aimons notre
femme et que, lorsque nous nous enlaçons et nous caressons, cette l’étreinte charnelle parait être le
point ultime auquel la fusion que nous recherchons peut atteindre. Oui, je
désire m’unir charnellement à la femme que j’aime parce que c’est là que me
porte l’élan de l’amour que je ressens pour elle.
Certains
hausseront les épaules :
- Bien sûr,
bien sûr … Mais au fond si tu étais honnête avec toi-même, tu reconnaitrais que
c’est dans tes testicules que ça se passe ; ton organisme est saturé de
testostérone quand tu vois la femme aimée, certes ; mais aussi n’importe
quelle autre qui serait aussi bien gaulée qu’elle ferait l’affaire. Oui, c’est
bien cela : elles te mènent par le bout du *** !
D’autres qui
ont lu Schopenhauer affirmeront au contraire que ce n’est pas vraiment la recherche de la jouissance qui explique la sexualité, mais
bien un autre but ultime et obscur machiné par l’espèce : il faut copuler
parce que c’est nécessaire pour procréer – pour que le genre humain se propage.
Nous avons tout un équipement d’organes érectiles, d’hormones sexuelles, sans
oublier un cerveau qui distribue les excitations et les inhibitions :
pourquoi faire ?
Oui, pourquoi
la nature nous a-t-elle équipé d’un pénis ou d’un clitoris ? N’est-ce pas
un dispositif qui, comme le nectar de la fleur constitue la récompense de
l’individu pour l’inciter à travailler pour l’espèce ?
On va ricaner
et dire :
- Oui,
peut-être. Mais nous sommes plus forts que la nature, nous avons plein de
dispositifs qui empêchent la fécondation et qui font de la jouissance sexuelle
une chose qu’on va rechercher exclusivement pour elle même.
Soit. Mais
voilà, il y a quelques jours nous avons eu le « Babyday », le jour où
s’enregistre un pic de naissance. Or ce jour est situé exactement 9 mois après la
Saint-Sylvestre, moment où la fête nous fait oublier la prudence et les
conséquences prévisibles d’un rapport sexuel. La créature a perdu de vue, dans
les vapeurs alcoolisées du réveillon, les risques encourus, elle a laissé
l’espèce reprendre le contrôle de la situation.
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