Aimer la vie est facile quand vous êtes à l’étranger. Là où
personne ne vous connaît, vous tenez votre vie entre vos mains, vous êtes
maître de vous-mêmes plus qu’à n’importe quel moment.
Hannah
Arendt – (Biographie de) Rahel Varnhagen
Pour être confirmé dans mon identité, je dépends entièrement
des autres.
Hannah
Arendt
Vous voulez mon portrait. Le voici, fait par moi. Je
resterai proscrit, voulant rester debout
Victor
Hugo à Guernesey
Victor
Hugo au Rocher des Proscrits
L’exil.
Ces deux citations de Hannah Arendt ne doivent pas êtres
opposées l’une à l’autre, mais bien être considérées comme étant
complémentaires.
L’exil est la meilleure image qu’on puisse trouver de cette
contradiction apparente : vécu d’une part sous l’aspect d’un isolement
ruineux pour l’individu qui passe sa vie à reconstruire ce qu’il a perdu en
quittant son pays, il pourrait néanmoins apparaître aussi comme une liberté qui
lui est laissée de vivre sa vie comme bon lui semble. On n’attend rien d’un
étranger, pas même qu’il se soumette aux règles qui oppriment les autres.
L’exil pourtant s’inscrit en faux à cette image rassurante.
Non, être réfugié quelque part ce n’est pas être dans une situation positive,
même si on est accueilli par un peuple bienveillant.
Parce que même alors, on reste sous la pression des autres, que
s’ils n’exigent pas que vous soyez comme eux, ils vont néanmoins s’attendre à
ce que vous coïncidiez avec l’image qu’ils ont de vous, en raison de votre
nationalité. Si vous êtes français par exemple vous serez aux Etats-Unis
l’éternel Frenchie, collection de tous les clichés bon ou mauvais qu’importe :
ce seront de toute façon des clichés.
Alceste, le Misanthrope de Molière, choisit de se réfugier
au désert, pour éviter la fréquentation des humains qui le dégoutent : il
faut croire que la solitude est moins pesante que l’ennui. Il en va de l’exil
comme de la solitude : ruine du prisonnier contraint à l’isolement, ou
bien salut du moine qui a choisi sa
cellule comme lieu propice à son ascèse. D’ailleurs la solitude est toute
relative : le moine est face à Dieu ; quant à Victor Hugo il est
visité par ses compatriotes qui lui ont gardé leur estime.
L’exil réuni la perte de soi et liberté dans la mesure où il
est vécu comme la condition de la liberté : Rester debout, dit Victor Hugo.
1 comment:
il faut croire que la solitude est moins pesante que l’ennui.
magnifique billet
je vpus eùbrasse
françoise
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