Thursday, August 02, 2007

Citation du 3 août 2007

Le hasard gouverne un peu plus de la moitié de nos actions, et nous dirigeons le reste.

Nicolas Machiavel

Commentaire 2

Pour Machiavel, les choses sont simples : il y a dans notre vie une part d’actions gouvernées par nous ; et une autre part gouvernée par le hasard. Ce qui parait simple, c’est de dire, en face d’une situation : « elle correspond à ce que j’ai voulu » ; ou : « elle résulte du hasard ». Pourtant, n’y aurait-il pas des situations que je n’ai pas voulues et qui néanmoins ne résultent pas du hasard ? Ou qui sont des aléas alors qu’il me semble qu’elles résultent de la nécessité la plus absolue ?

Ma thèse, c’est que le hasard n’existe dans mon existence que quand ce qui m’arrive peut être mis en rapport avec ce que j’ai voulu - ou ce que j’aurais pu vouloir. Que j’ai souhaité vraiment quelque chose, et qu’au dernier moment autre chose se produise.

Prenez un exemple simple : vous êtes un homme ou une femme : pourquoi ? On va dire, compte tenu de ce qu’en dit la science, que c’est le hasard, puisque la répartition des naissances correspond statistiquement à l’aléa 1/2 . Et pourtant pour vous, ce mot n’a aucun sens. Vous ne pouviez pas être autre que ce que vous êtes. Votre sexe ne doit rien à la contingence. Parce que vous n’étiez pas là - je ceux dire : au moment de votre conception - pour choisir si vous seriez un homme ou une femme, tout se passe comme s’il n’y avait pas le choix : il était nécessaire que vous fussiez tel que vous êtes. En revanche pour vos parents, ça oui, ils peuvent s’interroger - et on sait que beaucoup sont près à tout pour dominer ce hasard, avec les conséquences qu’on voit en Inde ou en Chine.

Alors, il est vrai que le sexe n’est pas seulement une donnée biologique, et que chacun se construit homme ou femme en fonction de sa physiologie, le cas des transsexuels montrant que cette construction n’est pas nécessairement conforme à ce que la nature a produit. Mais le décalage entre ce que je suis et ce que j’aurais voulu être n’habite habituellement pas cette dimension du sexe. Il est plus facile d’imaginer qu’on est un enfant trouvé et que notre vrai père est le Prince de Monaco (1), plutôt que de s’imaginer être une femme si on est un homme - et réciproquement.

Je me trompe ? Racontez… (2)

(1) En plus, avec celui qui règne en ce moment, c’est peut-être vrai.

(2) Je vous jure que je n’ai pas écrit ce Post pour vous amener à me confesser vos fantasmes.

5 comments:

Djabx said...

En revanche pour vos parents, ça oui, ils peuvent s’interroger - et on sait que beaucoup sont près à tout pour dominer ce hasard, avec les conséquences qu’on voit en Inde ou en Chine.

Rassurez vous, avec les progrès de la génétique, bientôt, ils pourront choisir avant la naissance, le sexe de leurs enfants: c'est pas merveilleux ?

Djabx said...

Bon, là c'est le "matheux" qui fait le raisonnement:

Soit P1, P2 une personne identique uniquement dirigés par leur volonté.
Soit O un objectif unitaire (il ne peut être réalisé que par une seule et unique personne et il doit être réalisé)
* P1 et P2, tous les deux, souhaitent réaliser l'objectif O

Hypothèse:
*le hazard n'éxiste pas
Si P1 réalise l'objectif O alors P2 ne pourra pas.
Or, si P2 réalise l'objectif O alors P1 ne pourra pas.
Or comme le hazard n'éxiste pas: aucun des deux ne peut réaliser l'objectif.

Ainsi, malgrès qu'ils soient complètement identique l'un et l'autre, qu'ils aient tous les deux la même volonté de réaliser O, cette situation est impossible.

Donc le hazard existe, et dirige nos actes car nous vivons dans un environnement qui lui aussi a des objectifs et donc forcement nous empèche d'en réaliser certains des notres.

Maintenant ont peut se demander de combien ce hazard "dirige" nos vies.
Si ont reprend l'exemple de tout à l'heure, P1 a 1 chance sur 2 d'atteindre 0, et P2 a 1 chance sur 2 d'atteindre 0.
On pourrait donc en déduire que s'il y a n personne Pi (avec 0 < i <= n avec n > 2) a donc 1 chance sur n d'atteindre 0. Or cela est vrai si chaque personne Pi est identique.

Soit O1 un object unitaire (cf def au dessu) et O2 un autre objectif unitaire avec la relation entre les deux 01 antérieur à O2 (O1 doit être réaliser pour que O2 puisse). Sachant que celui qui réussi à réaliser 01 a deux fois plus une chance de réaliser O2.
Ainsi, pour réaliser l'objectif 01, chaque personne a toujours 1 chance sur n de le réaliser.
Par contre, soit Pj (0 < j <= n) la personne qui réussi 01, alors pour O2 chaque Pi a 1 chance sur n+1 de réaliser d'objectif alors que Pj a 2 chances sur n+1.

Ainsi, pour chaque Pi (sauf Pj), le hazard (PHi) à influencer (au cours des deux derniers objectifs):
(n-1)/n * ((n+1)-1)/(n+1)
ce qui au final fait:
(n-1)/(n+1) (ce qui est 0,5 < PHi < 1 avec n > 2)

Pour Pj, le hazard (PHj) à influencer (au cours des deux derniers objectifs):
(n-1)/n * ((n+1)-2)/(n+1)
ce qui au final fait:
(n-1)/(n+1) + 1/(n^2+n) (ce qui est 0,5 < PHj < 1 avec n> 2)


Ainsi, si on multiplie le nombre d'objectif (Ok avec k > 2), en augmentant les relations entres ces objectifs très vite les probabilités deviennent non seulement "pénibles" à calculer, mais mais toujours la part de hazard 0.5 < PHi < 1.

(Je conclure en français :P)
Ainsi, le hasard gouverne bien un peu plus de la moitié de nos actions, et nous "dirigeons" le reste. Tout simplement car nous ne sommes pas seul à avoir des objectifs et la volonté de les atteindre.

CQFD.

Jean-Pierre Hamel said...

Aïe ! C'est plus hard à décrypter que les fantasmes : je vais m'y coller et je reviens vous dire si j'en pense quelque chose d'intéressant.

Djabx said...

Je vais essayer d'exprimer plus simplement ma pensée.
Tout d'abord, je cherche à voir si le hasard existe ou pas.
Or pas l'absurde, je montre (pas très joliment je vous l'accorde) que forcement le hasard existe, sinon tout le monde ferai ce qu'il veut. Comme je prends un exemple précis où ce n'est pas possible que tout le monde fasse ce qu'il veut, alors mon hypothèse est fausse, à savoir "le hasard n'existe pas" donc le hasard existe.

Ensuite, maintenant que l'on sait que le hasard existe, il faut savoir à quelle "hauteur" il intervient dans notre vie.
Pour cela il faut le définir (ce que je n'aie fait qu'implicitement).
Pour moi, je hasard, c'est ce qui nous empêche d'atteindre nos objetifs.
En effet, d'après la citation de Machiavel, le hasard dirige ce que nous ne dirigeons pas, il est donc celui qui nous empêche de réussir un objectif.
Ainsi, si la probabilité de réussir une action est 'r' alors la probabilité de ne pas la réussir est '1-r'

Le reste n'est que de brefs calcul en vrac sur les statistiques pour voir apparaître ce que Machiavel nous dit si simplement: le hasard dirige plus nos actions que nous les dirigeons nous même.
C'est mathématique.

Seulement, je rajouterai, que contrairement à ce qu'on peut croire, le hasard ne dirige pas la moitié de nos vie. En effet, c'est seulement nous qui choisissons nos actions, et nos objectifs dans la vie, pas le hasard. Le hasard joue uniquement sur leurs taux de réussite. En gros, c'est comme le loto: ceux qui jouent le plus souvent on le plus de chance de gagner (mathématiquement parlant hein :))

Jean-Pierre Hamel said...

Merci de vos précisions qui me permettront de vous répondre plus avec plus de clarté j’espère.
Je retiens votre définition du hasard, parce qu’elle souligne quelque chose d’essentiel selon moi : le hasard dont nous parlons ici n’existe pas indépendamment d’un sujet dont il vient faciliter ou contrarier les projets (bonne chance ou malchance).
On ne peut donc pas dire à quelle « hauteur » le hasard intervint dans notre vie, parce que celui qui n’aurait aucun projet et qui se laisserait porter par les forces de la nature ne le connaîtrait pas, alors que l’homme d’action qui voudrait en permanence imprimer sa marque dans le monde rencontrerait - entre autre - la résistance du hasard beaucoup plus souvent. Pour reprendre votre exemple, les aléas du jeu n’existent que pour le joueur.
Maintenant on peut ajouter que pour le physicien, le hasard ne dépend pas de la volonté de l’observateur, mais il exige tout de même l’observation : le hasard est la part d’imprévisibilité (= indéterminisme) des phénomènes physiques.