Henri Michaux
A quelle condition pourrions nous jouir d’une paix perpétuelle ?
La question a beaucoup agité les Lumières du XVIIIème siècle : Kant avait trouvé l’idée d’une fédération d’Etats liés entre eux par le commerce international, et Rousseau avait relayé les idées de l’abbé de Saint-Pierre. Mais on voit ici une autre perspective s’ouvrir : si la guerre est l’effet de la concurrence, la paix a pour condition l’uniformité monopolistique de l’économie. On en dirait bien sûr autant de la vie sociale, et pourquoi pas de la psychologie.
Bref : on l’a compris, ce n’est pas à ce prix que nous allons souhaiter la paix - surtout perpétuelle !
Qui souhaiterait en effet vivre dans un désert, là où l’immensité n’est rien d’autre que la répétition du bref espace dans le quel nous nous tenons ? Qui souhaiterait une éternité faite de l’indéfinie répétition de l’instant actuel ?
Eloge de la guerre (voir Post du 11 novembre 2006). C’est par la guerre que l’événement - quelqu’il soit - arrive. Certains présocratiques estimaient que le cosmos était l’œuvre deux principes antagonistes : philia, l’amitié, et polemos, la discorde ou la guerre. Autant dire que les conflits ne devaient pas être écartés sous peine de voir l’ordre (cosmos) du monde se défaire.
Ne disons plus : « Dieu ! que la guerre est jolie… » parce que la guerre, c’est Dieu.
Du moins, nous devrons le dire dès lors que nous sortirons de notre désert pour entrer dans le l’univers livré à la concurrence.
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