Il y a véritablement deux principes, mais il sont tous deux en Dieu, savoir, son entendement et sa volonté. L’entendement fournit le principe du mal, sans en être terni, sans être mauvais ; il représente les natures comme elles sont dans les vérités éternelles ; il contient en lui la raison pour la quelle le mal est permis, mais la volonté ne va qu’au bien.
Leibniz - Essai de Théodicée § 149
J’imagine que le bon professeur Pangloss, lorsqu’il eut affirmé que « Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles » (voir Post du 12 février 2006), croisa benoîtement ses mains sur sa bedaine et s’assoupit. Leibniz écrivit l’Essai de théodicée sur la bonté de Dieu la liberté de l’homme et l’origine du mal. Voilà ce qu’on appelle un philosophe.
Ainsi donc Dieu veut le bien, mais il fait le mal… parce qu’il sait que ce mal là est la condition du plus grand bien possible. C’est ainsi qu’on me couperait une jambe pour éviter que la gangrène ne gagne le corps entier. Rien à dire.
Mais à ce compte, les pires tyrans peuvent passer pour de véritables philanthropes. Même les nazis : ils ont voulu le bien de l’humanité, qui selon eux passait par l’épuration de la race aryenne. Ce bien passait donc aussi par la destruction des Juifs : le mal est permis, mais la volonté ne va qu’au bien.
Ne discutez pas avec eux en disant que le métissage est la meilleure chance pour l’humanité de progresser. En réalité vous acceptez la logique de Leibniz, celle qui sanctifie le mal au nom du bien.
Avant de faire le bien, il faut le vouloir ; mais avant de le vouloir, il faut le connaître. Le Dieu de Leibniz sait ce qu’est le bien. Soit. Mais nous, le connaissons-nous ? Quel est le bien suffisamment établi et certain pour justifier le mal qu’on commet en son nom ?
Je ne veux pas prodiguer une leçon de morale, je veux simplement répondre à ma question : seules les religions et les idéologies philosophiques ou politiques prétendent connaître le bien. Elles seules prétendent justifier le mal.
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