La vieillesse, c'est quand on va dans des restaurants où il y a des sommeliers, et non plus dans ceux où il y a des serveuses.
Marcel Achard
Va-t-on jamais dans un restaurant simplement parce qu’il y a d’accortes serveuses ? En tout cas, la légende se souvient encore de la Madelon, celle qui apportait du pinard aux poilus : elle avait de quoi combler d’aise tous les âges, y compris les vieillards, à supposer qu’ils aient eu l’occasion de venir dans son estaminet rempli de soldats.
Marcel Achard nous dit en substance que chaque âge a ses plaisirs, et que, si celui du sexe est propre à la jeunesse, celui de la picole est propre - aussi - à la vieillesse. En terme d’excès, on voit bien des vieux alcooliques, on n’en voit pas qui soient satyres (1).
Je viens d’écrire « la picole est propre - aussi - à la vieillesse » : tout est dans cet « aussi » : ça signifie que les plaisirs ne se renouvellent pas au cours de la vie, mais que dans leur compétition pour venir au jour, ils accèdent à l’existence successivement, suivant le rapport de force qui les oppose les uns aux autres. Les jeunes aiment aussi l’ivresse, mais leur priorité c’est la jouissance sexuelle, parce que c’est elle la plus forte (2). Ce qui est général, c’est cette compétition pour la vie ; mais dans leurs détail, les plaisirs sont tout ce qu’il y a de plus personnel.
Tentons une typologie des plaisirs en rapport avec l’âge.
Dans la jeunesse, le sexe est sans doute le plus puissant : on va au restaurant pour pincer les fesses de la serveuse (3).
Dans l’âge mûr, les choses s’égalisent : selon les saisons, on pourra aller au restaurant entre copains de régiment et finir la soirée dans un bar de nuit. Ou alors fêter son anniversaire dans un trois étoiles, soit qu’on l’apprécie vraiment, soit histoire de montrer qu’on en a les moyens. Bref, c’est l’âge de tous les plaisirs, mais simplement parce que leur intensité est également moyenne pour chacun.
Enfin, dans la vieillesse, si l’on s’en tient à la sensualité, les plaisirs sont d’avantage liés au gustatif : on recherche le Chef ou le sommelier.
Tout ça, ça passe par les organes des sens. Et si on tenait compte des plaisirs excités directement par action sur les centres cérébraux ? Une petite fumette, il y a un âge pour ça ? Et un petit rail de coke ?
Et la jouissance d’inventer un super Post comme celui-ci ?
(1) L’expression « vieux satyre » vise probablement des velléitaires qui cherchent à se rajeunir, plus que des opérationnels.
(2) Certains me contesteront en disant que l'ivresse et le sexe vont souvent de paire. Certes, mais seulement lorsque l'alcool est nécessaire pour lever les inhibitions. En revanche il n'est pas favorable aux performances sexuelles. Quand aux sentiments, je n'en parle même pas.
(3) Remarquez combien les fast-foods sont répressifs de ce point de vue, avec leurs hôtesses retranchées derrière leur comptoir. On y perd sur tous les tableaux : gastronomiques et pince fesses.
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