Savoureuse au possible, et polie mais non trop, sans rien
de tendu.
[L’olive est un] Meilleur suppositoire de bouche encore que…
Francis Ponge – Les olives (Pièces p.98)
Meilleur
suppositoire de bouche que… Que quoi ?
Quizz d’automne :
Réponse a : qu’une dragée.
Réponse b : qu’un pruneau.
Réponse c : que n’importe quoi, à condition d’avoir
la bouche en cul de poule.
(Voir réponse en
annexe)
°°°°
Ponge a fréquemment de ces images qui font tâche, qui
dégoutent, que rien ne saurait rattraper, pas même une licence poétique.
Pourquoi donc fait-il ça ?
Je ne suis malheureusement pas un bon spécialiste de
Ponge, on ne peut le commenter à la légère, lui qui a pris soin d’élaborer la
théorie littéraire et poétique qui accompagne son œuvre. Par contre je puis
analyser – et d’abord pour moi-même – les raisons qui m’ont fait sursauter à la
lecture de ce passage.
Bien sûr, le suppositoire fait « couple avec »
l’anus, auquel nous sommes bien obligés de penser. C’est déjà dégoutant. Mais
en plus, subrepticement, il vient prendre la place de la bouche : nous
retrouvons les bizarreries de Beckett (cité le 15 février 2011). Sauf que là,
se trouve impliquée une permutation des orifices du tube digestif, avec les
correspondances que ça suppose : en particulier que les fesses deviennent
la face. Or, c’est elle – la face – qui parait la plus noble partie du corps
humain, avec le regard – miroir de l’âme – et le sourire, expression angélique.
Peut-être suis-je en train de forcer le sens du texte de
Ponge ? Peut-être s’agit-il d’une déviation liée à une lecture influencée
par mes propres fantasmes ? Dans ce cas, Ponge n’aurait été intéressé que
par la ressemblance de l’olive et du suppositoire ?
Ode à l’olive.
Olive, toi qui nous offre un miroir où contempler notre
noir reflet
En filant comme un obus vers notre bouche,
Tu engloutis notre image dans nos entrailles ténébreuses.
… Bigre ! C’est pas facile de faire du Ponge !
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Annexe
Réponse au Quizz d’automne :
Réponse b : « Meilleur suppositoire de bouche
encore que le pruneau. »
3 comments:
14vous vous en sortez pas mal
je vous embrasse
n'abusez pas d'olice c'est bon mais salée alors pour le coeur c'est pas bon gros bisous
Francis Ponge, illustrait très bien cette mise en bouche...
Je me souviens d'avoir plus d'une fois, entendu dire- d'une qui parlait d'une fille aux joues pleines- " Elle a des joues comme mes fesses"... ça, ce n'était pas très élégant !
Il n'y a pas si longtemps que j'aime les olives, jusqu'au jour où j'ai découvert, les petites olives noires macérées dans l'huile et épicées AVEC noyaux...
Bonne journée :-)
F'( eckFir 100)
Avec ou sans noyaux, n'oubliez pas les olives grecques : nos amis de là bas n'ont pas grand chose d'autre à nous vendre
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