Madame, l’ôterai-je ?
Brantôme – La vie
des dames galantes.
Le valet qui investit sa maitresse « par
derrière » – on comprend qu’il la sodomise – commet une inconvenance, ce
pour quoi elle lui reproche sa sottise.
- Sottise dans la mesure où comme nous le disions il y a
peu, le valet fait preuve de défaut
d'intelligence, de jugement, de bon sens.
- L’inconvenance du valet n’est pas de sodomiser sa
maitresse, mais de le faire sans lui en demander la permission.
L’effet comique de ce passage tient à la distorsion entre
les propos échangés et l’action qui s’accomplit jusqu’à son terme. … Mais, si
l’on pousse un peu la lecture, on voit qu’un second aspect se révèle : du
valet ou de la Dame, qui est le plus sot ?
S’il avait demandé : – Madame où le mettrai-je ?
A supposer qu’elle eut souhaité qu’il la lui mît derrière (1), il
l’aurait contrainte à se faire complice de ce rapport considéré à cette époque comme
un abominable péché, ce qui n’eut pas été très galant.
C’eut donc été une sottise de sa part à elle que de dire
qu’elle le voulait.
Par contre la hardiesse du valet lui permet de faire
comme si elle ne l’avait pas voulu, encore qu’elle ne fasse rien pour
l’arrêter. En réalité, un peu comme avec la mauvaise foi selon Sartre, la dame
se divise en deux : en elle, une part intellectuelle ignore et refuse ce
que fait pourtant son corps.
------------------------------
(1) Pour ceux qui s’étonneraient que le valet ait profité
de sa maitresse en passant « par derrière » rappelons que c’était
alors (16ème siècle) l’un des plus efficace procédé contraceptif.
No comments:
Post a Comment