[Antisthène] conseillait aux Athéniens de décréter que les ânes sont des chevaux, et comme on traitait cela d’absurde : « Vous choisissez bien, dit-il, pour généraux des gens qui ne savent rien et n’ont d’autres titres que l’élection. »
Diogène Laërce, Vie
des Philosophes de l’Antiquité. VI, 4 - Antisthène.
Antisthène fut élève de Socrate, maitre de Diogène et
fondateur de l’Ecole des Cyniques. Une fois qu’on a dit ça, on a l’impression
que tout reste à dire.
Par exemple, qu’il ne paraissait pas être un ami de la
démocratie parce que, selon lui, l’élection ne suffisait pas et qu’il fallait encore
se poser la question de la légitimité des élus.
S’il ne suffit pas d’être élu pour être un bon dirigeant
politique, si élire un âne n’en fait pas un cheval, à quoi reconnait-on le
cheval ? Et s’il est reconnaissable, à quoi bon l’élire ?
A chaque fois qu’on a considéré que la politique relevait
d’un savoir (science-politique) ou d’une personnalité spécifique (être rusé
comme l’araignée, ou fortement imprégné de testostérone) on est arrivé à cette constatation :
l’élection ne peut créer ces qualités quand elles sont absentes.
--> Voyez les adeptes de Notre-ex-Président :
« Pleurons mes frères – Pleurons sur la France. Car nous avons remplacé
une flèche par un pot de yaourt ! »
Toutefois, on doit se garder de dire nous aussi des
âneries. Car si la remarque d’Antisthène était bonne s’agissant de l’élection
des généraux (ce qu’on se garderait aujourd’hui de faire), la démocratie ne
nous parait plus consister à élire un chef politique. Ce que le peuple choisit,
c’est une ligne politique. Après,
qu’il choisisse ou non celui qui va l’appliquer, est affaire secondaire. Si
l’on ne peut pas demander au peuple d’effectuer un pareil choix, alors disons
qu’il va par élection déléguer son pouvoir de choisir à des députés dont la
clairvoyance et l’engagement politique sont bien connus.
Serions-nous alors devenus des démocrates avertis, et nos
ancêtres grecs devraient-il nous admirer – à supposer qu’ils reviennent sur
terre aujourd’hui ?
J’en doute, car sur quoi se détermine aujourd’hui le
choix du peuple ? Tout compte fait, et contrairement à ce que je viens de
dire, ce n’est pas une ligne politique qui détermine le vote, ce sont les
résultats escomptés.
Au point qu’il serait plus simple de remplacer sur les
bulletins électoraux les noms des candidats par les promesses qu’ils nous ont
faites.
- Je vous promets de la prospérité
- Je ferai la citoyenneté pour tous (du mariage pour homo
à la carte d’électeur pour les étrangers)
- Je taxerai les riches et je redistribuerai aux pauvres.
- Grâce à moi, tous les hommes vivront d’amour.
Faites vos jeux !
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