Plus un homme est
ambitieux et orgueilleux, plus il méprise les insignes de la puissance...
L’homme qui se sent réellement puissant ne veut rien devoir au costume ; il
prétend être reconnu sous les insignes, et être acclamé tout nu. Napoléon le
premier avait sa redingote grise.
Alain – Propos
Nous avons deux
modèles possibles :
1° Le
sous-commandant Marcos, chef de la
guérilla zapatiste (1), son anonyme passe-montagne et sa modeste pipe (2) :
2° Le bouillant
colonel Kadhafi et sa poitrine bardée de médailles :
[Comme on le voit,
je contourne certains exemples auxquels on penserait facilement tel que le
Bling-bling et les vacances en yacht. Trop facile parce qu’applicable à
n’importe quel arriviste.] (3)
En réalité, les
signes du rang qu’on occupe peuvent aussi n’être que de simples conventions :
le Roi de France se reconnait dans les images représentant la Cour parce qu’il
est le seul, au milieu du salon, à porter un chapeau. Ces signes ne prétendent
pas rehausser la personne qui les porte, mais simplement signaler son rang.
D’ailleurs, l’armée
s’est fait une spécialité de ces uniformes servant à désigner le grade de celui
qui le porte. Mais c’est je suppose au nom de l’efficacité : comme on ne peut
parier à tous les coups sur l’aura du chef, il faut bien le désigner par les
galons sur le képi.
Selon Alain, l’honneur
du chef véritable est d’être reconnu de tous et pour cela les insignes de la
richesse et de la gloire matérielle sont des obstacles plutôt que des moyens :
à quoi bon porter ces colifichets, sinon pour signifier qu’on n’en n’a pas
d’autres à faire valoir ? Alain nous dit : c’est tout nu – c’est-à-dire réduit à sa seule nature – que le chef
véritable veut être reconnu.
De même que la
vraie modestie est celle que l’on reconnait et non celle qui s’autoproclame, la
vraie gloire est d’être reconnu pour ce qu’on est et non pour ce qu’on parait.
C’est alors qu’on mérite d’être véritablement respecté, et qu’on a une
véritable autorité – je veux dire cette force qui n’a pas besoin de
s’exercer pour être obéie.
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(1) J’ai hésité à
choisir comme illustration Mao-Tsé-Dong : ça marche aussi avec lui.
(2) Excluant le
fastueux cigare cubain.
(3) J’avais rédigé ce
Post il y a plus de deux ans, puis mis en réserve pour je ne sais quelle
raison. Il porte donc la trace des frasques de Notre-ex-Président – et de
même : Kadhafi était encore vivant.
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