On peut imaginer une humanité composée exclusivement de femmes ; on n'en saurait imaginer une qui ne comptât que des hommes
Jean Rostand –
Maternité et biologie
Commentaire 1
Bien sûr, on doit se rappeler que Jean Rostand était biologiste,
et qu’il parle ici de la parthénogenèse,
(c’est-à-dire de « la reproduction monoparentale à partir d’un individu
femelle ») – la quelle parthénogenèse ne peut engendrer que des individus de
sexe féminin.
… Mais on peut aussi se mettre à rêver : qu’est-ce
qui serait le moins impossible : une société entièrement constituée de
femmes ? Ou bien une société entièrement constituée d’hommes ?
- De fait c’est la seconde qui est le mieux illustrée
dans l’histoire. Chez les Grecs anciens, elle s’appelait « hétairie » et elle a perduré
jusqu’au 20ème siècle sous des formes variées. Aujourd’hui encore
les moines du Mont Athos sont célèbres pour avoir proscrit de leur monastère
tout individu femelle, au point que leur poulailler ne comporterait, dit-on,
que des coqs…
(Ricanement du biologiste : ils ne risquent pas de
faire une omelette avec ça !)
- Quand aux sociétés de femmes, même si certains ont
évoqué une possible « cité des femmes », n’oublions pas les scrupules
des compagnes qui forment le groupe de l’Heptaméron :
certaines d’entre elles se demandent si elles peuvent se permettre de
refermer leur groupe sans y admettre un
homme, car, comment des femmes pourraient-elles s’administrer si brièvement que
ce soit sans l’autorité d’un homme ? (1)
On le voit, le pouvoir des hommes s’entend d’abord comme
le pouvoir d’un maitre sur un esclave. Et en effet, n’est-ce pas de l’esclave
qu’Aristote disait qu’il était avantageux pour lui d’être soumis à son maitre
parce qu’il était incapable de se gouverner tout seul dans la vie ?
Bref : la dépréciation totale des femmes a interdit pendant longtemps de
les imaginer subsistant sans la tutelle masculine.
Mais il y eut tout de même des femmes qui ont rêvé à
cette société dépourvue d’hommes : ainsi Christine de Pizan, qui publia au
15ème siècle la Cité des Dames, où l’on voit comment, avant de peupler la Cité en question, les
femmes – et elles seules – prennent en charge son édification, ainsi que le
montre cette illustration :
La suite à demain – Si vous le voulez bien.
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(1) « Et véritablement, répondit Élise, les hommes
sont les chefs des femmes. Il ne nous sera guère possible de faire rien de bon
ni de solide, si nous sommes privés de leur secours. » Boccace Le Décaméron – Prologue (A lire ici)
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