Il y a fort à parier que si l’acte sexuel dépendait de l’excitation et du plaisir de la femme comme il dépend de ceux de l’homme, l’espèce humaine aurait depuis longtemps disparu de la planète.
Isabelle Sorente – L
Il serait très injuste de limiter notre emprunt à Isabelle Sorente à
cette citation. Nous y reviendrons prochainement.
Il suffit de voir l’accouplement des animaux – en
particulier des félins – pour songer comme Isabelle Sorente que c’est le mâle
qui l’impose à la femelle. Transposé chez l’homme, certains en feront une
expression de l’égoïsme du mâle qui prend son plaisir sans se soucier de celui
de sa partenaire. C’est vrai mais insuffisant : si le l’homme est par sa nature
physique plus fort que la femme, si chez lui la sexualité est couplée avec
l’agressivité, c’est pour que l’acte fécondateur soit découplé des aléas de
l’entente entre un homme et une femme. Qu’un soudard viole une femme, la nature
n’y voit aucun inconvénient, du moment que ça peut produire un enfant.
Du coup voici que l’acte sexuel est rabattu sur sa
fonction reproductrice ; on le considère (ainsi que le faisait
Schopenhauer) comme l’irruption d’une exigence de l’espèce dans la vie
individuelle. Coûte que coûte, il faut se reproduire pour que l’espèce survive.
Et le désir féminin, n’existe-t-il donc pas ? N’est-il
donc pas naturel lui aussi ? Certes, mais il n’est alors qu’une ruse de
plus de l’espèce pour faciliter la réalisation de son but : comme le
nectar de la fleur ne sert qu’à attirer l’insecte fécondateur, l’excitation et
le plaisir féminin vont faciliter l’acte reproducteur, en particulier quand le
mâle est petit, maigrichon et mal foutu – bref, pas de taille à s’imposer.
- Et le sentiment amoureux alors ? Peut-on croire
que l’espèce y trouve son compte ? On
sait bien que les hommes vont être amoureux des femmes aux gros nichons –
favorables imagine-t-on à l’allaitement du petit. Y a-t-il donc chez l’homme quelque chose qui déclenche
l’amour féminin, quelque chose qui ait à voir avec la reproduction de
l’espèce ? Les enquêteurs qui se sont penchés sur la question ont conclu que
ce qui séduit les femmes, ce qu’elles regardent en premier chez l’homme, ce
sont ses fesses, parce que ce sont elles qui vont donner de la force au coup de
rein fécondateur – Je n’en crois rien.
Je retiens plutôt cette idée que l’amour est subversif : il est ce par quoi
l’individu se libère de l’emprise de la nature. On le proclame aveugle parce
qu’il est irrationnel eu égard aux exigences de la reproduction. Oui et tant
mieux : car si on s’en tient à la logique de la Nature, il n’y a pas de
différence entre Roméo qui fait l’amour avec Juliette et le soudard qui viole
une femme.
… Oui, mais : Juliette est morte vierge. La
virginité est le triomphe de l’amour : le seul moyen de l’emporter sur le déterminisme
de l’espèce, c’est de refuser l’acte sexuel (1). Les vrais amoureux sont
ceux qui se tiennent par la main, et qui, les yeux dans les yeux s’abstiennent
fureter sous les vêtements de leur bien-aimé(e).
L’abstinence est le triomphe de l’individu. Elle est résistance
à l’appel de la nature.
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(1) Et la pilule donc ? Oui en effet, vue comme ça
elle est un acte éminemment subversif.
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