On peut imaginer une humanité composée exclusivement de
femmes ; on n'en saurait imaginer une qui ne comptât que des hommes
Jean Rostand –
Maternité et biologie
Commentaire 2
Hier, j’ai prudemment laissé dans l’ombre la dimension
polémique de cette citation : il faut maintenant l’affronter.
Les débats sur « le mariage pour tous » ont été
particulièrement passionnés parce que, derrière l’aspect institutionnel se
profilait l’aspect « naturel ». On est passé du mariage pour tous à la maternité pour tous. PMA, GPA… Et là,
les ennemis de la théorie du Genre triomphent : « Vous, les hommes
qui prétendez choisir d’être femme, faites donc un enfant pour
voir ?! »
Comme on le disait hier, même si la biologie a faite
d’immenses progrès depuis Jean Rostand, elle n’a pas encore réussi à donner à
l’homme le pouvoir de procréer : que Georges et Roger s’aiment tendrement
tant qu’ils voudront. Mais rien ne pourra faire que Georges ait un enfant de
Roger (1). Il y a peut-être 1000 façons d’être un papa ou d’être une maman –
mais il n’y en a qu’une de faire des enfants.
- Je ne vois qu’une réponse à cela, si l’on veut mettre
quand même à égalité les hommes et les femmes : c’est la gestation
in-vitro.
Qu’on se rappelle le Meilleur
des mondes de Huxley : dans un avenir imaginé par le romancier, les
êtres humains ne sont plus conçus dans et par le corps des femmes, mais dans
des tubes à essai et mis en couveuse jusqu’à leur maturité. Enfin, pas tout à
fait jusqu’à maturité. Selon la fonction sociale qui leur sera assignée dans la
société, leur développement cérébral est interrompu ou bien poursuivi jusqu’à
son terme : il ne conviendrait pas
qu’un balayeur puisse réfléchir comme un cadre supérieur.
Laissons de côté pour le moment cet effrayant aspect de la
fiction : reste que si l’on veut établir la stricte égalité entre hommes
et femmes, il faut supprimer la prime biologique à la maternité et instaurer la
procréation in vitro pour tous (donc
y compris pour les femmes : c’est la thèse de Huxley).
Certes on n’en parle pas encore ouvertement – mais
demandez-vous pourquoi le Pape François, durant son séjour brésilien, a tonné
contre les lobbies gays…
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(1) Oui, entre Virginie et Martha le problème est le
même. N’empêche que l’une des deux peut au moins porter un enfant et, même si
aujourd’hui encore on en sait pas comment transformer l’ovocyte en
spermatozoïde on peut supposer que ça viendra un jour !
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