Je cherche à
comprendre et à disséquer les pires exactions, j'essaie toujours de retrouver
la place de l'homme dans sa nudité, sa fragilité, de cet homme bien souvent
introuvable. Enseveli parmi les ruines monstrueuses de ses actes absurdes.
Etty Hillesum – Une vie
bouleversée : Journal d’Etty Hillesum 1941-1943
Etty Hillesum jeune femme
juive connue pour avoir, pendant la Seconde Guerre mondiale, tenu son journal
intime (1941-1942) et écrit des lettres (1942-1943) depuis le camp de transit
de Westerbork. Elle mourut en déportation le 30 novembre 1943 au camp de
concentration d’Auschwitz.
Il serait
peut-être indécent de recourir à ces pages décrivant la monstruosité de l’enfer
nazi pour nous aider à comprendre la bestialité et l’ignominie des actes
terroristes qui ont secoué la France ces derniers jours. Si pourtant on y
trouve une lueur de lucidité, il ne faut pas renoncer à s’en éclairer.
Enseveli parmi les ruines monstrueuses de
/ses/ actes absurdes, se révèle l’homme dans sa nudité, sa fragilité, … cet homme bien souvent introuvable.
Oui, c’est
dans leur étrange cavale, dans leurs actes immondes que les deux frères Kouachi
montrent aussi une part de leur réalité. Sans faire appel aux propos
stéréotypés qu’ils ont semés durant leur action (du genre : on ne tue pas les femmes ou bien, avec
une poignée de main : ne craignez
rien on ne tue pas les civils) il y a ces étranges loupés qui leur ont
couté très cher, comme perdre sa carte d’identité au cours de sa fuite, ce qui veut
dire qu’on prend ses papiers en partant pour une opération probablement
suicide. Et puis il y a ce braquage de station service où ils volent de la
nourriture : même ces monstres ont faim. Evidemment ; mais surtout
même eux n’ont pas su prendre la précaution d’organiser leur fuite avec caches
de nourriture et abri sûr. Bref : l’humanité se révèle comme ça, sans même
savoir s’ils ont pensé à leur maman en sortant pour affronter le déluge de feu
des forces de sécurité.
L’humanité se
révèle dans cette fragilité si banale qui nous les rend si proches… Car on doit
l’admettre, comme je l’écrivais récemment (27/12/2014) : il faut
réintégrer la monstruosité dans l’humain.
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Bon :
aujourd’hui, dimanche un peu spécial, mais dimanche quand même.
Sur le thème du type qui part pour flinguer tout ce
qui bouge, mais qui, quand même, n’oublie pas sa carte d’identité, au cas où… voici
le dessin publié dans le numéro spécial de Libé de samedi. Peut-on peut rire de tout… Je ne sais, mais de ça, il le faut
Libé du 10-11 janvier, page VIII
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