Rien ne vient du néant, et rien, après avoir été détruit,
n'y retourne. Les atomes se déplacent dans tout l'univers en effectuant des
tourbillons et c'est de la sorte que se forment les composés : feu, eau, air et
terre.
Démocrite (déjà cité ici)
Déchet
II
Sous mes doigts un clavier ; devant mes yeux, un
écran ; à côté un ordinateur :
- Mais non ! Tout cela n’est en réalité qu’une seule et
même chose : un tourbillon d’atomes.
Cette citation de Démocrite énonce ce principe du
matérialisme antique qu’on prend souvent pour une sorte de rêve, de poésie sans
consistance, avec ses atomes qui voltigent et tourbillonnent comme la poussière
dans un soleil d’été.
Ou alors, on le considère comme un vieil adage qui n’a
depuis longtemps plus rien à nous apprendre : Rien ne se perd, rien ne se crée – tout se transforme. Banal.
Pourtant nous avons là quelque chose qui devrait nous éveiller dès que nous
nous interrogeons sur notre avenir sur terre. En effet :
- Tout ce que nous utilisons pour produire existe depuis la
nuit des temps, et rien de ce que nous rejetons ne disparaitra jamais. Qu’y
pouvons-nous ? Rien, sauf que nous pouvons faire en sorte que ce que nous
rejetons ressemble autant que possible à ce que nous avons pris. C’est la
comparaison avec les centres d’épuration des eaux usées qui doit nous guider,
puisqu’elles sont censées rejeter l’eau telle qu’elles l’avaient prélevée.
Pourtant reste encore une difficulté dans ce passage de
Démocrite : rien ne vient du néant, et rien, après avoir été détruit, n'y retourne. Comment ça ? Si on a
détruit quelque chose, ne l’a-t-ton pas anéanti, c’est à dire rejeté dans le
néant ?
On a déjà formulé la réponse : – tout se transforme. Quand le cochon mange du maïs, il ne
l’anéantit pas, il le transforme en viande-de-cochon. Quand je mange le cochon,
je ne le détruis pas : je le transforme en viande humaine et en excrément,
les quels vont à leur tour être transformés en autre chose. La comète Tchouri
perd peu à peu sa glace en passant près du soleil. Mais ces molécules d’eau
vont continuer d’exister et – peut-être – se réagréger à d’autres dans ce
ballet des atomes dont parle Démocrite.
Que retenir de ce ballet ? Que ce sont les mêmes
molécules qui constituent la maïs/le cochon/l’homme/ses excréments/etc.
Le matérialisme est une école de la modestie.
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