Louis Calaferte – Requiem
des innocents
(…) sous l’influence de la séduction, l’enfant peut devenir
pervers polymorphe et être entraîné à tous les débordements imaginables. (Lire
citation complète en annexe)
Freud – Trois essais
sur la théorie de la sexualité (2ème essai)
L’enfance est-elle ce moment de pureté, cette période
pendant la quelle le petit être humain paraît aussi innocent qu’Adam avant la
faute.
Oui, c’est vrai, mais : si tous les excès
sexuels qui caractérisent la perversion ne se révéleront qu’à l’âge adulte,
néanmoins leur prédisposition est
présente dès l’enfance et bien qu’elle ne donne pas lieu à ces excès, certaines
formes n’en sont pas moins déjà bien visible (masturbation, cruauté,
voyeurisme, etc.). Exit donc le petit
ange de pureté.
Dont acte. – Maintenant, songeons plutôt à nous. Si Freud a
raison, alors tout être normal est un pervers qui se refoule. Et comment le
fait-il ? Par une angoisse latente qui se déchainerait au cas où il
cèderait à ses funestes penchants ? Par la peur du jugement des
autres ? Du châtiment judiciaire – voire même divin ?
Il y a une forme de refoulement beaucoup plus
sympathique : c’est la compétition entre la perversion et une autre forme (antagoniste)
de l’amour. Ainsi, la sexualité – avec ses perversions – est en concurrence
avec la tendresse et ses câlins (1). L’amour, nous dit Freud (toujours dans les 3 essais), est comme un tunnel
creusé par les deux bouts à la fois : d’un coté : le sexe ; de
l’autre : la tendresse. Celui qui va le plus vite occupe le plus de place.
Donc, si vous êtes un éternel soupirant genre Roméo avec sa
Juliette, ça ne garantit pas qu’avec Germaine vous ne soyez pas un véritable
goret.
Si jamais ça vous arrive, observez-vous si vous le
pouvez : vous verrez que ça vous vient très naturellement.
-----------------------------
(1) Dites donc j’ai loupé la Journée Nationale du câlin! Oui, c’était le 21 janvier :
j’espère que vous avez fait le nécessaire ?
============
Annexe :
« Il est instructif de constater que, sous l’influence de la séduction,
l’enfant peut devenir pervers polymorphe et être entraîné à tous les
débordements imaginables. Cela démontre qu’il porte dans sa prédisposition les
aptitudes requises ; leurs mises en acte ne rencontre que de faibles
résistances parce que, suivant l’âge de l’enfant, les digues psychiques qui
entravent les excès sexuels : pudeur, dégoût et morale, ne sont pas encore
établies ou sont seulement en cours d’édification. »
No comments:
Post a Comment