Il était impensable que le souffle animant ce corps
incomparable ne fût pas, lui aussi, d’une qualité unique et exceptionnelle.
Pourquoi la nature aurait-elle fabriqué un tel corps, sinon pour en faire
l’écrin d’un trésor encore plus précieux ?
J.K.
Rowling – Une place à prendre (p. 273)
La nature ne fait rien en vain.
Aristote
– Traité de l'âme, III, 12.
Comment la métaphysique s’enseigne-t-elle ? A quelle
expérience faire appel pour aider les adolescents à élever un peu leur
âme ?
C’est à cette
question que répond le jeune Andrew (16 ans), imaginé par J.K. Rowling dans le
roman qu’elle écrivit au sortir de la saga Harry Potter.
Andrew est tombé raide amoureux de sa voisine de classe, la
belle Gaia. Cet amour, elle n’a rien fait pour le susciter : elle s’est
contentée d’apparaître, d’exister. On dira que c’est un coup de foudre, mais il
ne faut pas se débarrasser trop vite de cet événement en le baptisant de façon
convenue : ce que ressent Andrew pour
Gaia ne peut s’expliquer par son aspect physique. Certes elle est très jolie (elle
est même bandante dirait notre
auteure qui se lâche bien depuis qu’elle n’est plus responsable de Harry
Potter), mais il y a quelque chose qui se dégage de cette jeune fille qui ne
s’explique pas seulement par son corps. Ce qu’il ressent dépasse le simple
instinct sexuel ; ce qui se révèle ainsi, c’est quelque chose de plus
grand, quelque chose d’indicible, quelque chose d’irréductible à la réalité
physique. Bref : appelons ça comme on voudra, mais il y a une force non
matérielle qui émane de cette jeune fille.
A partir de là : le corps ne fait pas tout, certes,
mais il existe. Andrew
s’interroge : comment comprendre l’extraordinaire perfection de ce corps,
sinon en pensant qu’il est là justement pour servir d’écrin à cette âme dont il
ressent l’attraction ? Si la nature agit selon une nécessité que nous
pouvons deviner, alors il faut supposer que la perfection des formes de Gaia est
l’indice de celle de son âme. On parlera selon les cas de beauté, d’harmonie,
voire même de magnétisme.
Alors ? Je ne suis pas sûr que nos profs de philo fassent
appel à ce genre d’expérience pour discuter le dualisme platonicien. Mais ils
le devraient bien.
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