L'univers m'embarrasse, et je ne puis songer / Que cette
horloge existe et n'ait pas d'horloger.
Voltaire,
Poésies
Selon Voltaire, notre univers est une vaste et infaillible
horloge, qui non seulement nous permet de régler nos montres, mais qui est
encore (et jusque dans ses moindres rouages) organisée en vue de cette
régularité.
Cette citation est fréquemment évoquée pour montrer le déisme
de Voltaire : qu’on m’autorise à laisser de côté cet argument
« cosmologique » de l’existence de Dieu (1) – et qu’on veuille bien
s’interroger sur cette comparaison de l’univers avec une horloge.
Certes, les mouvements des corps célestes sont d’un bout à
l’autre de l’univers régis par les mêmes lois – de sorte que grâce à elles, à
des milliards de kilomètres de la terre nous avons pu maitriser
l’« atterrissage » d’une sonde sur une comète !
Seulement, voilà : dans une horloge, pas de grain de
sable qui traine là où on ne l’attend pas. Pas de formes biscornues et pas de corps
variant de masse et de densité (2). Vous voyez où je veux en venir ?
« Avec ses deux
lobes, un petit et un grand, reliés par un "cou" très court, Tchouri
possède, pour un noyau cométaire, une forme tout à fait singulière, jamais
observée auparavant. Elle n'a pas, comme on a pu le dire dans un premier temps,
la forme d'une cacahuète, mais bien celle d'un
canard pour le bain. »
Un astéroïde qui a la forme d’un canard pour le bain ?
Comme ça ?
« Pas d’horloge
sans horloger » – donc pas de
canard de bains sans… sans quoi au fait ?
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(1) L’idée est : pas d’effet sans cause à sa mesure. Le monde étant comme une
horloge absolument parfaite ; il a forcément pour cause un Créateur
(Horloger) lui-même parfait.
On retrouvera cette argumentation ici.
(2) Galilée fit scandale en montrant grâce à sa lunette
astronomique que la Lune n’était pas la sphère parfaite qu’on imaginait,
puisqu’on y voyait des montagnes, et que – pire encore ! – le Soleil avait
des tâches prouvant qu’il n’était pas incorruptible.
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