Wednesday, January 28, 2015

Citation du 29 janvier 2015

Les allemands ont le nihilisme ; nous, nous avons la blague.
Paul Bourget
Ce qui tuera l'ancienne société, ce ne sera ni la philosophie, ni la science. Elle ne périra pas par les grandes et nobles attaques de la pensée, mais tout bonnement par le bas poison, le sublimé corrosif de l'esprit français : la blague.
Edmond et Jules de Goncourt – Journal 30 juin 1868 (cité le 3-2-12)

J’avais développé il y a déjà 3 ans cette citation des Goncourt : pour eux, comme pour Flaubert – et donc comme pour Paul Bourget – la blague est cette vacuité qui détruit les valeurs les plus sacrées en faisant croire qu’elle ne valent pas plus … qu’une blague. Tout devient n’importe quoi.

Que le drame de Charlie Hebdo soit advenu pour des caricatures du Prophète dans un journal satirique, cela donne à penser.
Certes, la satire a un but : elle veut corriger l’erreur ; son bras est armé d’un fouet. Mais combien il est facile de la confondre avec la blague ! Les dessinateurs (survivants) de Charlie sont comme ça : ils nous expliquent qu’avec ces caricatures, il s’agissait de faire quelque chose d’un peu drôle, que sinon ça n’en valait pas la peine. Est-ce que tout ça vaut une rafale de kalachnikov ?
Seulement voilà : en matière de blasphème, il y a des gens qui n’ont vraiment pas le sens de l’humour. Ils disent : un blasphème est un blasphème, il vise – exactement comme le déni nihiliste – à détruire le sacré, ou du moins à offenser Dieu (1).
On dit : pourquoi ces fondamentalistes ne répliquent-ils pas avec les mêmes armes que les gens de Charlie ? Pourquoi n’ont-ils pas publié des dessins, des textes, ridiculisant ces blasphémateurs ?
C’est que pour faire ça, il faut se contenter de nier – ou de corriger – symboliquement. Là est la différence : pour les Islamistes, tout doit être réel : le blasphème est réel ; la kalachnikov aussi est réelle.
Charlie, fais attention – et réfléchis un peu avant de rigoler : On ne court jamais aussi vite qu’une balle de kalach ! (2)
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(1) J’ai expliqué ici que je finissais par croire que la Blasphème était une formule magique, qu’il suffisait de le prononcer – et peu importe l’intention – pour qu’instantanément il soit constitué.

(2) Rappelez-vous : c’est ce que disait Amin Dada.

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