Madame se meurt ! Madame est morte !
Bosuet – Oraison
funèbre d’Henriette d’Angleterre – 1670 (voir Annexe)
Henriette d'Angleterre avait 26 ans, lorsque, après avoir
bu un verre d'eau de chicorée, elle ressentit de violentes douleurs
abdominales. Elle mourut en quelques heures – A peine avait-t-on
annoncé : Madame se meurt !
qu’on devait s’exclamer : Madame est
morte !
La brutalité de cette mort frappa vivement toute la cour.
Bossuet y trouva l’occasion de rappeler que la pensée de la mort doit
accompagner chaque instant de notre vie – thème cher à la Contre-Réforme
Soudaineté de la mort… Fragilité de l’existence… Le
chrétien doit se souvenir qu’il doit se tenir prêt à comparaitre devant son
Créateur à tout moment.
Que je m’étouffe en mangeant des bretzels, qu’une artère
pète dans mon cerveau, ou alors que je me fasse renverser en traversant la
rue : ma vie ne tient qu’à un fil et il faut s’apprêter à tout moment à le
voir tranché. Après tout, c’était bien là le rôle des Parques que de dévider le
fil de la vie : la troisième Parque tient les ciseaux qui serviront à le
trancher.
Bernardo Strozzi –
Les trois Parques
Alors, devant l’inévitable que pouvons-nous faire ?
Réponse
a : Purger notre conscience de tous ces vilains péchés et demander pardon
au Seigneur pour toutes ces vilénies.
Réponse
b : Prendre un contrat-obsèques (à consulter ici)
Réponse
c : Savourer chaque instant de notre vie comme si c’était le dernier.
(Plusieurs réponses sont admises)
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L’extrait :
« Nous devrions être assez convaincus de notre
néant : mais s'il faut des coups de surprise à nos cœurs enchantés de
l'amour du monde, celui-ci est assez grand et assez terrible. Ô nuit
désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout à coup, comme un éclat
de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt ! Madame est
morte ! Qui de nous ne se sentit frappé à ce coup, comme si quelque
tragique accident avait désolé sa famille ? Au premier bruit d'un mal si
étrange, on accourut à Saint-Cloud de toutes parts ; on trouve tout
consterné, excepté le cœur de cette princesse. Partout on entend des
cris ; partout on voit la douleur et le désespoir, et l'image de la mort.
Le Roi, la Reine, Monsieur, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu,
tout est désespéré ; et il me semble que je vois l'accomplissement de
cette parole du prophète : le roi pleurera, le prince sera désolé, et
les mains tomberont au peuple de douleur et d'étonnement. » Bossuet
D’autres passages ici.
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