Dans toute
magistrature, il faut compenser la grandeur de la puissance par la brièveté de
sa durée.
Montesquieu ̶ De
l'esprit des lois (Cité le 10 décembre 2010)
Je reprends cette citation dont j’avais autrefois entrepris le
commentaire de façon fort brève et ironique : elle valait mieux, c’est ce
que nous aimerions montrer.
Après avoir rappelé ce qu’est sous la plume de
Montesquieu un magistrat (1), prenons le temps d’examiner sa pensée – et
d’abord, constatons que Montesquieu est ici encore l’adepte de l’équilibre des
pouvoirs. Il faut en effet que le pouvoir soit réel et non exsangue ; et pourtant
il faut aussi qu’il ne soit pas sans bornes. On sait que Montesquieu avait
conçu la séparation des pouvoirs comme un moyen de les limiter : que le pouvoir limite le pouvoir.
Mais ce procédé n’est pas le seul : il avait aussi conçu
la durée de son exercice comme un autre moyen de le limiter. On suppose alors
que la date pour quitter le pouvoir doive être inscrite sur le billet qui y donne
accès. On admet donc que l’avantage de garder à son poste un chef ou un
Président n’est pas si grand qu’il ne soit dépassé par les inconvénients d’un
pouvoir qui se sait sans limites dans le temps.
Même un régime « autoritaire » comme celui de
la Chine a remplacé Hu Jintao au bout de deux mandats de 5 ans comme prévu par
la constitution. On se rappelle que Mao est resté beaucoup plus longtemps au
pouvoir et on sait avec quels effets.
Comme toujours on se dit que ce qui importe pour nous,
c’est ce qui se passe en France. Peut-on dire en effet que l’intensité du
pouvoir y soit contrebalancée par sa brièveté ? Y a-t-il des mécanismes
pour préserver les citoyens des abus en éliminant les abuseurs
mécaniquement : qu’ils abusent en effet si on ne peut l’empêcher parce
qu’alors on diminuerait leur efficacité au service de la Nation. Mais qu’ils
abusent peu de temps.
Et après ? Si c’est simplement pour changer
d’abuseur, on haussera les épaules et on ressortira le drapeau noir pour le
remettre à la fenêtre.
Liliane Bettencourt, dossier Karachi, les comptes de
campagne, etc… Abusez tant que vous voudrez tant que vous serez Président, mais
sachez que la justice veille et qu’elle vous demandera des comptes après. Le pouvoir exécutif ne protège
pas du pouvoir judiciaire. (2)
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(1) MAGISTRAT, subst. masc. A. Personne investie d'un
pouvoir politique, administratif ou judiciaire. (Définition du TLF)
(2) Bien entendu cette remarque est une fantaisie qui ne saurait
porter atteinte à la présomption
d’innocence.
PRÉSOMPTION, subst. fém. A. 1. Opinion fondée seulement
sur des indices, des apparences, des commencements de preuves. (Définition du
TLF)
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