Alors le serpent dit à la femme: Vous ne mourrez point; /
mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que
vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.
Genèse 3.5-6
Avant d’aborder le thème du Jardin d’Eden, je tiens à remercier ici
l’auteur de ce blog qui en amoureux passionné et érudit des arbres nous donne à
profusion sa science. Lui au moins il n’est pas comme le Seigneur-Dieu à
interdire d’y goûter !
L’arbre de la science dont le fruit était défendu à Adam
et Eve nous pose bien des problèmes : avant même de se demander quelle
était son essence (pommier ? Sûrement pas. Alors : figuier ? Peut-être),
il nous faut attaquer un problème central : pourquoi Adam a-t-il mangé le
fruit de cet arbre ? Simplement parce qu’on lui avait promis que c’était
bon ? Simple curiosité gourmande ? Voilà une interprétation qui ne
nous emmène pas très loin. Ce qu’on lit dans notre citation, c’est qu’Adam
savait parfaitement quelle était la valeur de cet arbre et ce que pouvait lui
apporter d’en manger. Il a simplement eu besoin d’un coup de pouce du serpent
(sic) relayé par Eve : Vous ne
mourrez point /…/ et vous serez comme des Dieux.
On parle, ne l’oublions pas, du fruit de l’arbre de la
science : quelle conception du savoir est-ce là ?
Si nous ne comprenons pas, c’est que nous vivons toujours
dans l’ambiance aristotélicienne où la science est purement théorique
(théorétique même), c’est-à-dire contemplative. Dans notre tradition, les
machines c’est une affaire de techniciens pas de savants, un peu comme on
voudrait croire que le chercheur CNRS ne produit que des articles dans des
revues spécialisées que personne ne lit sauf des gens comme lui.
Mais, voici ce qu’en dit notre spécialiste :
« Quant au mot
« connaissance » (utilisé dans de nombreuses traductions), il n’a pas
le sens abstrait que nous lui donnons dans nos langues. Dans les langues
sémitiques, il implique connaissance profonde, intimité, pouvoir. Quand on
connaît, on a créé des liens intimes et puissants avec le connu » (1)
Et c’est là qu’on se dit : Bon sang ! mais
c’est bien sûr…
La Bible est de tradition sémitique : le savoir
donne un pouvoir, qui, comme le dit la Genèse, associé au fruit de l’arbre de
vie, ferait des hommes de véritables Dieux.
--> Alors, peut-être qu’Adam a raté son coup, mais
enfin les dés roulent toujours : après avoir accru notre science et étendu
notre puissance jusqu’aux étoiles, voici que nous cherchons au fond de nos
gènes le moyen de devenir immortels.
Mais attention ! Le prochain paradis dont nous
risquons d’être chassés, c’est la Terre elle-même – quand elle refusera de nous
nourrir.
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(1) Il fait également l’exégèse des valeurs Bien/Mal dont
on aurait ainsi la connaissance : En
hébreu, comme dans les autres langues sémitiques, on aime indiquer une totalité
par ses deux extrêmes. Ainsi, « le ciel et la terre » signifie
l’univers. De cette manière, « le bien et le mal » ne signifierait
pas l’une ou l’autre de ces deux réalités, mais les deux, c’est-à-dire
« tout »
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