Cannibale : Gastronome de l'ancienne mode qui reste
attaché aux saveurs simples et qui milite pour l'alimentation naturelle
pré-porcine.
Ambrose Bierce – Le
Dictionnaire du Diable (1911)
Je vouloir aimer vous primitif / Je marier vous cannibale
/ Tu manger moi et je dévorer vous / Vous être joli
casse-dalle / Je faire croquer mon monsieur par vous / Miam miam
Primitif – Chanson de Richard Gotainer
Le cannibalisme est l’objet de nombreuses études, tant de
la part des anthropologues que de la part des psychologues. Les uns considèrent
la consommation de la chair humaine comme une forme archaïque d’alimentation,
enrichie malgré tout de toutes sortes de mythes. Les autres prétendent y voir,
étalé au grand jour, un désir profondément refoulé chez l’homme civilisé, au
point qu’il n’affleure que dans des cas pathologiques qui suscitent
l’horreur. Bien sûr, il y a aussi des cas où c’est plutôt une fantaisie érotique
qui s’y exprime, comme le montre la chanson de Richard Gotainer.
Que se passe-t-il dans la tête d’un cannibale ?
Rendez-vous sur ce blog pour le savoir, il vous en dira beaucoup plus que moi…
Reste à dire comment nous, occidentaux, avons imaginé –
voire même imagé – l’acte cannibale.
Voyez ci-contre ; on peut faire deux
observations à propos de cette gravure : d’abord les sauvages mangent
l’homme cuit et non cru. Ensuite, pour le cuire, ils le font bouillir dans une
marmite au lieu de le mettre à la broche (1).
Tout ceci évoque le « triangle culinaire » de
Lévi-Strauss et je me bornerai à renvoyer aux brèves explications que j’en
donnais ici.
Je remarquerai toutefois que, vu le caractère extrêmement
primitif des « sauvages » représentés dans cette image, on s’étonne
de les voir posséder une si belle et si grande marmite. Même s’il ne s’agit que
d’un « pot de terre » et non d’un « pot de fer », c’est
quand même une belle performance. Et puis en effet, pour quoi faire bouillir
l’homme pour le manger ? Un barbecue ou un méchoui ne conviendraient-il
pas mieux ? (2)
Trêve d’ironie. Si cette façon de dévorer notre semblable
s’est imposée à notre imagination au fil des siècles, c’est bien parce qu’elle
exprime un fantasme aussi vieux que l’humanité sans doute, fantasme lié comme
on l’a dit au désir primitif de manger de la chair humaine, et simplement
raccordé aux procédés culinaires du moment.
Moi, je serais plutôt pour la cuisson-vapeur. Et, vous
mes chers lecteurs, comment vous y prendriez-vous ? Vous faudrait-il un
micro-onde ? Ou alors une plaque à induction ?
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(1) Sur les différentes méthodes de préparation culinaire
de la chair humaine, tous les petits enfants vous diront comment faire : ils
connaissent l’histoire du Petit navire
et de son Mousse qu’on s’apprête à mettre à la casserole et pour lequel on
hésite entre le frire ou bien le fricasser.
(2) A le réflexion, il apparait que le méchoui ne conviendrait
pas du tout : vu que la répartition des morceaux de la « bête »
humaine doit être strictement réglementée, elle ne peut résulter d’un picorage
fantaisiste
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