Wednesday, January 30, 2013

Citation du 31 janvier 2013



Jésus dit à ses juifs : La loi a été faite pour les esclaves, — aimez Dieu, comme je l’aime, comme son fils ! Que nous importe la morale, à nous autres fils de Dieu !
Friedrich Nietzsche – Par-delà le bien et le mal

« Pour éduquer comme un père, suivons la voie tracée par Dieu-le-Père : comme lui, il faut légiférer. Pour être Père, la loi qu’il faut imposer c’est la Loi du Père – comme disent les psys. »
… Voici ce que j’écrivais il y a moins d’un mois, pour évoquer le critère principal de la paternité – à savoir : édicter la Loi du Père.
Je croyais avoir raison. Car, pour parler du Père, je prenais son point de vue : « Je suis le père parce que je peux légitimement légiférer à propos ce que doit faire mon fils. »
Ce faisant, j’oubliais simplement le point de vue du fils. Le quel s’exprime ici sous la plume de Nietzsche : il faut aimer son père comme un Dieu et ne pas avoir d’autres lois que celles de sa propre volonté (de puissance).
Jésus fut celui qui aima Dieu comme un fils aime son père (et non comme une créature docile et repentante). Aimer Dieu comme un fils, ça veut dire non pas recevoir d’ordres de Lui, mais agir comme s’Il agissait lui-même à travers nous.
On comprend bien l’intention de Nietzsche : passant de Jésus au surhomme, il se débarrasse de la morale instituée (Brisez, brisez les Tables de la loi ! disait Zarathoustra), il remplace ses interdits et ses injonctions non pas de nouvelles lois, mais par la volonté de Puissance. La loi a été faite pour les esclaves, entendez pour ceux qui reçoivent des ordres et non pour ceux qui en donnent.
Notons tout de même que Nietzsche ne nous dit pas que l’homme qui saurait devenir comme Jésus serait lui-même un Dieu. Il ne dit pas que le Surhomme devrait à son tour fabriquer des lois pour les autres – les esclaves. En fait le surhomme ne se soucie pas de ça. Il est tout entier dans l’expression de sa volonté.
La volonté de puissance n’est pas du tout la volonté de devenir puissant. Elle est la volonté d’un être puissant, le quel est inconscient des effets de ses actes sur les autres, parce qu’il est tout entier engagé dans l’extériorisation de son être. Ce qu’il fait est bon pour lui, au moment où il le fait. Qu’il broie ou qu’il détruise les autres, qu’il les fasse souffrir n’a aucune importance pour lui. Et on ne l’imaginerait pas disant alors : « tu dois accepter de te soumettre à ma volonté parce que je suis le maitre ! »  - il les soumet et puis c’est tout.

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