1 – L'homme fort dit : je suis. Et il a raison. Il est.
L'homme médiocre dit également : je suis. Et lui aussi a raison. Il suit.
Victor Hugo – Océan
2 – Le calembour est la fiente de l'esprit qui vole
Victor Hugo – Les Misérables
3 – Le calembour représente l'unique point de jonction
entre un imbécile et un génie.
Frédéric Dard – Les
pensées de San-Antonio
Voilà un joli débat en citations. Il ne reste plus qu’à
conclure.
Oui, mais comment ? J’avoue être à la fois intrigué
et décontenancé par ce florilège. Le calembour est bien à l’œuvre dans la 1ère
citation. Sauf qu’on peut imaginer qu’il soit involontaire : le verbe être et le verbe suivre sont rapprochés par leur conjugaison : qu’y
pouvons-nous ? En revanche le calembour suppose une volonté de jouer sur
les mots, jeu peu sérieux et qui parfois devient une irritante manie pour qui
le cultive pour lui-même.
Mais Hugo nous trouble toujours parce qu’il précise qu’il
est « la fiente de l’esprit qui vole ».
(Voir l’extrait du texte ici). Exactement comme avec les mouettes de l’album de
Tintin.
Réfléchissons un peu : il y a diverses raisons pour
commettre un calembour.
- Soit, comme le dit Hugo, c’est un déchet de la pensée
qui ne peut atteindre des sommets sans en produire. Par on ne sait quels
méandres le calembour résulterait de la métabolisation des éléments de la
pensée.
- Soit, c’est au contraire un jeu d’esprit qui relève de
l’excitant, comme si en écrivant « fiente »
vous intervertissiez les lettres pour écrire « feinte de l’esprit qui vole ». Et là, ce n’est plus du tout la
même chose.
D’où la remarque de San-Antonio : le calembour est point
de jonction (complètement aléatoire) entre l’imbécile (qui s’amuse avec lui) et
le génie qui trouve à s’élever même grâce à lui. Quitte à le laisser tomber après…
Plop !
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