Citation du 12 janvier 2013

«My name is Bond... James Bond.»

Extrait de la série de films James Bond

Le prénom est la clé de la personne. C'est le cliquetis délicat de sa serrure quand on veut ouvrir sa porte.

Amélie Nothomb – Acide sulfurique (2005)

--> En indiquant son prénom que fait-t-on ?

Par exemple, voyez James Bond, qui le précise invariablement à chaque fois qu’il se présente. Curieux quand même ? Ainsi, il pourrait dire directement, sans plus y insister : « My name is James Bond » ; ou encore, comme les écoliers d’autre fois « My name is Bond James »

Ou bien, plus sûrement : « My name is Bond » - et c’est tout, parce que ça suffit, n’est-ce pas ?

Ne faisons pas semblant de l’ignorer : quand James Bond se présente ainsi, c’est toujours à une dame : c’est une invitation pour qu’elle pénètre dans son intimité. Le prénom est une sorte de faille ouverte dans le secret de l’agent secret.

Voici donc ce qu’est un prénom : une invitation à pénétrer dans l’intimité. Tout se passe comme si le prénom, assorti de la permission de l’utiliser, étant comme le dit Amélie Nothomb une clé de la personne ; autrement dit le prénom est une porte offerte à celui que nous avons choisi, pour qu’il pénètre dans notre jardin secret. Pas trop tout de même : pour pénétrer dans ces jardins on doit avoir de hauts murs à franchir comme pour le jardin d’Eden.

Alors on est bien loin de ces subtilités aujourd’hui, avec la mode, venue des US de nommer les gens immédiatement par leur prénom, voire même par le diminutif qui lui est associé. Mais, est-ce un bien ? Il faudra toujours une clé et le cliquetis délicat de sa serrure quand on veut ouvrir sa porte. Oui : mais cette clé, où est-elle ?

Concrètement : je rencontre une dame, elle me plait bien, mais il faut quand même se rapprocher peu à peu pour … plus d’intimité. Inutile de lui dire : « Appelez-moi James », ça c’est complètement ringard. Alors : que faire ?

Réponse a : je l’invite à faire un tour sur la corniche dans ma décapotable ?

Réponse b : je l’invite à s’allonger sur la peau d’ours devant la cheminée et je lui offre un martini pendant que la stéréo distille un bon vieux blues ?

Réponse c : je lui fournis mon adresse Facebook et je lui donne rendez-vous sur la Toile.