Un roi, réalisant son incompétence, peut soit déléguer,
soit abdiquer. Un père ne peut ni l’un, ni l’autre.
Marlène Dietrich
Je reviens sur cette citation déjà évoquée en 2010 (ici) – Je trouve en
effet qu’il serait possible d’y préciser quelques points concernant l’éducation
paternelle.
Je regrette vraiment de ne pas avoir la suite de cette
citation. On aimerait connaitre les conclusions que Marlène Dietrich tire de
cette amère constatation : faut-il créer une école des pères, comme
Molière imaginait l’Ecole des maris ?
Justement, l’Ecole
des maris porte sur l’éducation des enfants : on y voit deux frères
pratiquer une éducation complètement opposée avec deux orphelines (en
réalité deux grandes jeunes filles en âge d’éprouver des émois pour de beaux
jeunes gens). L’un est sévère et rébarbatif, l’autre compréhensif et tolérant.
Comme on le devine, c’est à leurs résultats qu’on pourra juger quel est le meilleur
éducateur. L’un est compétent et le sait ; l’autre est incompétent et
l’ignore ; seul son échec le lui apprendra – trop tard.
Trop tard, c’est-à-dire quand le mal aura été fait :
l’enfant aura été forgé aux souffrances de ce père défaillant. Comme dit le
proverbe, il ne suffit pas de faire des enfants – ça c’est facile. Il faut
ensuite les élever et en faire des hommes ; plus difficile !
- La remarque de Marlène Dietrich apporte une nuance
supplémentaire : on comprend que cette incompétence est reconnue par le
père, qui constate en même temps qu’il ne peut se défausser de son rôle :
père il est – père il restera.
On objectera à Marlène que beaucoup d’hommes abandonnent
la femme qu’ils ont séduite avec le
rejeton qu’elle porte, abdiquant leur rôle de père avant même de l’avoir
endossé. Toutefois, ils peuvent bien déserter, oui – mais ils restent des pères
déserteurs, comme le soldat qui jette ses armes devant l’ennemi reste un soldat
puisqu’il est déshonoré.
Mais au fond, est-ce un mal ? Certains diront en
effet que mieux vaut pas de père plutôt qu’un père incompétent.
Comment savoir quel père on est ? Pour en juger,
demandons-nous ce qu’on attend d’un père compétent.
Et bien sûr, le modèle indépassable est Dieu-le-Père en Personne : on lira
dans la Bible, ou à défaut dans cet article de Wikipédia consacré à la
paternité divine. Je me contente de
résumer :
1 – Dieu est Père car comme Créateur, il est source de
vie. Pour l’homme, être père c’est procréer : il lui faut donc être père
biologique.
2 – Pour être père, il faut aussi reconnaitre l’enfant,
c’est-à-dire la filiation qui relie à lui (1).
3 – Enfin, être père c’est éduquer. Mais il ne suffira
pas d’éduquer comme un instituteur.
--> Pour éduquer comme un père, suivons la voie tracée
par Dieu-le-Père : comme lui, il faut légiférer. Pour être Père, la loi
qu’il faut imposer c’est la Loi du Père – comme disent les psys.
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(1) « Un
[second] attribut paternel présent dans la Bible est celui de la filiation de
Yahweh avec son peuple Israël. » (Référence citée)
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