Qui sait ? nous trouverons peut-être quelque injure / Qui
l'irrite [=Dieu] à ce point que, d'un bras forcené, / Il arrache des cieux
notre planète obscure, / Et brise en mille éclats ce globe infortuné. / Notre
audace du moins vous sauverait de naître, / Vous qui dormez encore au fond de
l'avenir, / Et nous triompherions d'avoir, en cessant d'être, / Avec l'Humanité
forcé Dieu d'en finir.
Louise Ackermann /
1813 - 1890 / Pascal, Derniers mots, 1871
Le bien suprême, il t'est absolument inaccessible : c'est
de ne pas être né, de ne pas être, de n'être rien. En revanche, le second des
biens, il est pour toi : c'est de mourir sous peu.
Nietzsche –
L’origine de la tragédie (voir texte en annexe – Et puis ici également)
Commentaire I
Blasphémer, est-ce que ça sert à quelque chose ?
S’il s’agit de défier Dieu, on sait qu’on a perdu d’avance. S’il s’agit au
contraire de vérifier que rien n’arrive, et donc que Dieu n’existe pas – alors
on a blasphémé pour rien.
On trouvera ici une réponse originale et qui peut séduire
à condition qu’on soit absolument et résolument pessimiste. Le blasphème sert à
déclencher la colère de Dieu – mais seulement pour obtenir que, dans son
irritation, il se décide enfin à détruire la terre et l’humanité du même coup, en
déclenchant l’Apocalypse, délivrant ainsi les hommes en gestation dans l’avenir
d’avoir à naitre. Au fond, c’est à ça que sert le blasphème : nous triompherions d'avoir, en cessant
d'être, / Avec l'Humanité forcé Dieu d'en finir.
Le blasphème est donc l’arme du pessimisme le plus
radical. Rappelons-nous des paroles du Silène (texte ci-dessous) qui ont servi depuis l'Antiquité à définir le pessimisme : Le bien suprême… : c'est de ne pas être né,
de ne pas être, de n'être rien.
Alors, on essaie ? Trouvons un bon blasphème et
tachons de voir ce que ça donne.
-->Lisez à voix forte et en vous tournant vers le ciel
ce qui suit :
« Tout ce
qu'il y a d'atroce, de nauséabond, de fétide, de vulgaire se trouve résumé en
un mot: Dieu. » (Fernando Arrabal / L'architecte et l'empereur
d'Assyrie, 1967)
On attend demain, et on fait le point, si toute fois il y
a encore un demain.
A suivre (s’Il le veut bien)
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Nietzsche nous raconte une antique légende : le roi Midas
part à la recherche du sage Silène, compagnon de Dionysos. Lorsqu'il le trouve,
il lui demande quel est le bien suprême et Silène répond : « Misérable race d'éphémères, enfants du hasard et de la peine,
pourquoi m'obliger à te dire ce que tu as le moins intérêt à entendre ? Le bien
suprême, il t'est absolument inaccessible : c'est de ne pas être né, de ne pas
être, de n'être rien. En revanche, le second des biens, il est pour toi : c'est
de mourir sous peu. »
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