La nature ne fait jamais appel à l'intelligence que si
l'habitude et l'instinct sont insuffisants. Il n'y a pas d'intelligence là où
il n'y a ni changement, ni besoin de changement.
H-G
Wells – L'Homme invisible (1897)
L’homo sapiens dit-on est caractérisé par une faculté
essentielle : l’intelligence.
… Quand nous observons nos semblables, nous avons parfois un
doute : sont-ils bien de la même race que ces hommes qui ont ratatiné le
Neandertal ? Quand la paresse ou l’indécision se lit dans le comportement
de certains hommes d’aujourd’hui, pourquoi leur intelligence est-elle aux
abonnés absents ?
« La nature ne
fait jamais appel à l'intelligence que si l'habitude et l'instinct sont
insuffisants » nous dit Wells, rappelant par là que toute faculté
humaine doit s’interpréter en terme de profit pour l’espèce. Si nos compagnons
ne brillent pas par l’intelligence, c’est qu’ils n’en ont pas besoin pour
survivre – ni bien sûr pour se reproduire. C’est que l’habitude et l’instinct leur suffisent, ce qui signifie qu’il n’y
a ni changement, ni besoin de changement.
Pour que l’intelligence soit un atout en terme de survie, il
faut que l’imprévisibilité du milieu nous oblige à laisser de côté l’instinct
pour recourir à l’improvisation et à l’invention. On peut supposer qu’il y eut
autrefois des très longues périodes où l’intelligence ne servait à rien, où les
rituels et la coutume de la tribu suffisaient amplement : le petit d’homme
dès la naissance savait ce qui allait lui arriver dans sa vie entière.
Cool. Sauf que Wells laisse entendre que ce raisonnement ne
fonctionne que si nous n’avons pas besoin
de changement. Et c’est là que notre civilisation paraît. L’homme
occidental a inventé quelque chose d’inimaginable autrefois : l’envie, le
désir – en un mot le besoin – de progrès. Tout ce qui a été fait et qui a
réussi doit malgré tout disparaître. Nous voulons inventer quelque chose de
nouveau, quelque chose qui n’a jamais existé, au risque d’ailleurs que ça rate.
Les procédés techniques doivent innover, mais aussi les structures sociales, et
donc notre position dans la société : nous voulons que notre avenir ne
soit plus inscrit dans notre état civil, que chacun puisse vivre son existence
comme si la Civilisation repartait de zéro à chaque fois.
« Tout cela doit être soumis aux effets de
l’intelligence » dit Wells : c’est ça l’optimisme.
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