Wednesday, May 06, 2015

Citation du 7 mai 2015

L'important, c'est être capable d'émotions ; mais n'éprouver que les siennes, c'est une triste limitation.
Gide – 12 mai 1892, Journal 1889-1939
Qu’est-ce donc qu’éprouver les émotions des autres ?
La réponse paraît simple. Il y a même un mot pour la dire : c’est la sympathie, faculté de participer à la vie intérieure d’une personne. On peut aussi évoquer la faculté par la quelle cette participation devient possible : c’est l’empathie.
Réciproquement, on peut aussi partager ses émotions en les signifiants d’une façon ou d’une autre. Tel est le rôle de ces émoticônes, qui sont assez simplifiés pour être partagés et donc compris.

Bien sûr, Gide avait d’autres ressources pour pénétrer l’intériorité des gens. Mais je reste tout de même songeur devant cette pensée : quand je dis que j’éprouve l’émotion de quelqu’un, qu’est-ce que ça veut dire ? Et surtout, y a-t-il beaucoup de choses à éprouver ? Car le catalogue des émotions, n’en comporte pas une variété extraordinaire : les joies et les peines, l’extase, la tristesse, le désespoir…
En réalité, ce qui importe, ce sont les contextes qui les déclenchent. Etre en extase dans les bras d’une femme ou d’un homme, oui, chacun peut en avoir une idée. Mais que cette femme soit celle-ci et pas une autre, et voilà que l’extase change de couleur, qu’elle devient plus torride qu’avant…

Mais alors, si éprouver les émotions des autres ça veut dire connaître aussi en même temps les situations dans les quelles ils les éprouvent, voilà qui change la donne. Si je veux bien partager les émotions de l’amour, je ne suis plus tout à fait d’accord si l’on me propose de partager l’exultation des afficionados de la corrida.

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