On est
comédien lorsque l'on a sur le reste de l'humanité un avantage: c'est de s'être
rendu compte que ce qui doit produire une impression de vérité ne doit pas être
vrai.
Nietzsche
On peut
discuter de la validité de cette définition du comédien, s’interroger sur le
théâtre comme lieu du mensonge, de son immoralité, etc.
Mais il faut
aussi s’arrêter sur cette idée :
- Il y a une
différence entre la vérité et l’impression de vérité.
- Cette
différence est de nature : l’impression n’a pas besoin d’être vraie pour
être reçue comme vérité.
- On comprend
aussi que les hommes ne sont pas du tout intéressés par la vérité, mais
seulement par l’impression qu’ils ont
de la posséder. Il faut donc que la vérité-vraie ait bien des inconvénients que
l’impression-de-vérité ne possède pas.
On conviendra
que cette ouverture présente un intérêt bien supérieur à l’interrogation sur le
rôle et le pouvoir du théâtre. Mais aussi qu’on soulève bien des questions
difficiles à résoudre.
Déjà, qu’est-ce
que c’est que cette « impression de vérité » ?
Une réponse
simple est que c’est une opinion,
c’est à dire une affirmation qu’on sait peut être fausse, mais qu’on prend pour
vraie parce qu’elle reflète notre désir de croire en son contenu. Préférer une illusion
que plait à une vérité qui blesse : voilà une constante, soulignée par
Nietzsche et vérifiée tous les jours par les informations que nous recevons –
et que nous recherchons.
Mais alors,
si tel est notre désir, si c’est là ce que nous recherchons, comment nommer les
journalistes, éditorialiste, politiciens qui nous abreuvent de ces opinions si
fausses et si désirables ? Des comédiens ?
Pourquoi
pas ?
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