On reporte
souvent sur le passé une sorte de magie qui n'a rien à voir avec la réalité de
ce qu'on a vécu mais est la simple prise de conscience de la fuite du temps et
des deuils à faire.
J.M.G. Le Clézio
Nostalgie.
C’est bien d’elle
qu’il s’agit lorsque, se remémorant le passé, on le pare de ce qu’il n’a jamais
contenu – du moins de ce qu’on n’a jamais vécu au moment où il se produisit.
Voilà
l’idée : le passé est connu avec plus de véracité lors qu’il est reconnu
comme passé que lorsqu’il a été « présent ». Autrement dit, ce que je
suis entrain de vivre là, maintenant, est moins authentique que lorsque le
souvenir m’en reviendra dans un futur quelconque.
La question
est : de quel côté se situe la vérité ? Peut-on croire que la transfiguration
du passé rende le souvenir plus authentique que le contenu mémorisé ? La
nostalgie ne consisterait pas à rejouer
le passé, mais elle serait ce qui donne à vivre le présent-en-tant-qu’il-confère
une certaine vie au passé.
Hum… Un peu
compliqué… Heureusement, La Citation-du-jour est là pour démêler tout ça.
Le Clézio
nous en avertit : dans le cas qui nous intéresse, le passé est doublé
d’une autre expérience qu’il ne pouvait contenir au moment où il s’est
produit : celle de l’éphémérité de notre être. Nous ne sommes plus celui
qui a vécu ces évènements, ces émotions. Nous ne le sommes plus du tout – et
pourtant cette ombre de nous mêmes ressurgit, telle qu’elle fut, dans la
remémoration. Est-ce c’est de cela qu’il faut faire son deuil ?
Sans
doute et du coup, plus de passé à revêtir comme une vieille défroque
bien-aimée : tout ça, à la benne ! sans même passer par la case
vide-grenier ! C’est de nous même qu’il faut faire deuil, c’est contre notre
narcissisme qu’il faut lutter. Du coup la nostalgie est comme la trace de ce
passé révolu, la cicatrice laissée par cette part de nous-mêmes qui fut et qui
n’est plus.
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