Pas de
sensation de sécurité sans impression de danger. Elle (= le personnage du roman)
ne dort jamais si bien que quand la pluie cingle le toit.
Fred Vargas – Temps glaciaires (p. 130)
Ce qui
surprend dans cette affirmation, c’est qu’elle indique comme une évidence ce
que j’ai toujours ressenti comme un mystère de ma nature.
Oui, je sais
ce sont de biens grands mots, mais ils désignent une impression qui m’accompagne
depuis tout petit. Lorsque le soir dans mon lit d’enfant, j’entendais dehors la
pluie et le vent je m’endormais beaucoup plus agréablement que si rien ne se
passait. A l’époque je n’avais pas de souci pour m’endormir, mais il arrivait
qu’au moment de le faire j’aie une sensation délicieuse du sommeil
m’envahissant. Et c’est là que l’impression du « danger » dont
j’étais protégé venait augmenter mon plaisir. Depuis, même si l’âge venant ce
plaisir de se sentir protégé est moindre, il n’en est pas moins toujours là, et
ce qui me surprend maintenant, c’est que ce sentiment dont j’ai toujours cru
qu’il m’était personnel soit partagé comme une évidence par d’autres.
Alors,
peut-on aller plus loin : cette sensation de sécurité, puisqu’elle
est partagée, n’est-elle pas la base
même de ce que l’on appelle « sécurité » ? Celle-ci ne serait pas un absolu, mais une
impression relative : plus j’aurais le sentiment de danger, plus la
sécurité qui m’en protège paraitrait importante. Autrement dit, ce n’est pas la
force dont elle est pourvue qui compte, c’est mais le risque qu’elle écarte.
On dira que
c’est bien vite dit tout ça : quand les frères Kouachi sont venu à Charlie
ils ont ratatiné la protection policière et fait un carnage. Quand deux
terroristes ont voulu faire la même
chose au Texas, ils ont été liquidés en moins de temps qu’il n’en faut pour le
dire. Les policiers américains dégainent plus vite que leur ombre – pas les
français : c’est ça la sécurité, pas autre chose.
Certes. Reste
qu’il faut la pluie qui cingle pour que je prenne conscience de l’existence du
toit.
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