Si conscience signifie mémoire et anticipation, c’est que
conscience est synonyme de choix.
Bergson
– La conscience et la vie – In :
L’énergie spirituelle (Le texte ici ; l’ouvrage là)
Suite au Post d’hier, voici à présent la conscience qui,
selon Bergson, est, tout comme l’intelligence, dépendante de l’imprévu. Car
pour qu’il y ait conscience, il faut qu’il y ait plusieurs possibilités en
balance. C’est dans ces conditions que surgit la conscience ; lorsque, par
exemple, il faut choisir entre remonter le fleuve ou le descendre, ou bien
partir chasser le bison plutôt que fainéanter avec sa squaw. Il faut réfléchir alors
à ce qu’on fait, à ce qu’on peut faire, à ce qu’on désire faire. En bref, la
conscience n’est pas une faculté, elle est liée à une opération qui,
recherchant le choix qu’il convient de faire, effectue cette synthèse du passé
et de l’avenir dans la durée du présent.
Du coup, Bergson surmonte le débat sur la conscience
animale. Oui, les animaux ont une conscience : ils ont exactement la même
que nous, c’est à dire que cette conscience n’existe que là où ils doivent
choisir. Dans l’habitude, dans l’instinct, point de conscience, chez l’animal
bien sûr, mais aussi chez l’homme ; chez ce dernier, la conscience apparaît
lorsque surgit l’imprévu, mais aussi lorsqu’il se demande s’il doit céder ou
non à l’instinct.
L’animal peut donc avoir une conscience dès lors qu’il a la
nécessité du choix et on pourrait en dire tout autant du végétal, si seulement celui-ci
avait la capacité de choisir : s’enraciner ici plutôt que là, orienter ses
feuilles de tel côté plutôt que de tel autre, etc. Bien sûr, comme on le sait,
la plante ne choisit pas car les substances dont elle est faite commandent la
façon dont elle se développe : ça marche ou ça crève. Mais c’est là encore
une façon de souligner que la question de l’existence de la conscience comme
faculté, au même titre que la vue ou l’ouïe est une fausse question.
On touche le point de discorde entre Descartes et
Bergson : pour le premier, la conscience est permanente parce que
« l’âme pense tout le temps ». Pour Bergson, elle est à éclipse, ce
qui n’empêche qu’on puisse réunir en une seule durée l’ensemble des actions et
donc des choix que nous avons opérés depuis notre naissance.
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