Obéir aux lois et aux coutumes ; être résolu dans ses actions ; aligner ses désirs sur les possibilités du monde ; cultiver la science.
Descartes – Discours de la méthode, 3ème partie (Abstract) (1)
Les conseils de La Citation du jour.
Aujourd’hui : quelle morale enseigner à nos enfants ?
Dans le Discours de la méthode, Descartes, après nous avoir expliqué combien était facile la découverte scientifique (4 préceptes), nous confie les 4 maximes de la morale par provision, morale minimale que chacun peut adopter en attendant la découverte d’une autre morale, objective celle-là.
Dans le cas où nous serions encore dans les ténèbres de l’incertitude morale, cette morale pourrait être un viatique suffisant pour traverser cette vie.
On remarquera que ces maximes morales sont plutôt des règles d’action : nulle valeur proclamée (par exemple : l'humanité) ; nulle conversion exigée (en finir avec une vie qui ne serait pas entièrement consacrée à l’observance des valeurs).
Non, il s’agit plutôt de maximes de la prudence : si vous voulez bien vivre, vivez comme ça, et nous vous plaignez pas de ce qui vous arrive si vous faites autrement.
Alors, est-ce bien une morale à enseigner à nos enfants ?
La Citation du jour ne vous donne que des conseils : libre à vous de ne pas les suivre, et d’enseigner par exemple à vos petits que s’ils n’écoutent pas les lois du Bon Dieu ou celles de la République ils deviendront des êtres méprisables.
Alors admettons que la morale enseignée ici par Descartes constitue bien une morale par provision, un viatique dont on doit être pourvu en attendant qu’une autre morale plus élevée et plus rigoureuse apparaisse à notre horizon.
Et considérons que ce n’est pas encore le cas aujourd’hui
(1) Bien sûr vous méritez le vrai texte : le voici.
« La première [maxime] était d'obéir aux lois et aux coutumes de mon pays, retenant constamment la religion en laquelle Dieu m'a fait la grâce d'être instruit dès mon enfance, et me gouvernant en toute autre chose suivant les opinions les plus modérées, et les plus éloignées de l'excès, qui fussent communément reçues en pratique par les mieux sensés de ceux avec lesquels j'aurais à vivre. […]
Ma seconde maxime était d'être le plus ferme et le plus résolu en mes actions que je pourrais ; et de ne suivre pas moins constamment les opinions les plus douteuses, lorsque je m'y serais une fois déterminé, que si elles eussent été très assurées. […]
Ma troisième maxime était de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs que l'ordre du monde ; et généralement de m'accoutumer à croire qu'il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées, en sorte qu'après que nous avons fait notre mieux touchant les choses qui nous sont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est au regard de nous absolument impossible. […]
Enfin, pour conclusion de cette morale je m'avisai de faire une revue sur les diverses occupations qu'ont les hommes en cette vie, pour tâcher à faire choix de la meilleure, et sans que je veuille rien dire de celles des autres, je pensai que je ne pouvais mieux que de continuer en celle-là même où je me trouvais, c'est-à-dire, que d'employer toute ma vie à cultiver ma raison, et m'avancer autant que je pourrais en la connaissance de la vérité, suivant la méthode que je m'étais prescrite. […] »
P.S. Le texte intégral : version audio pour les aveugles et ceux qui ne savent pas lire; version avec traduction des mots difficiles et surlignage des parties importantes pour ceux qui ne comprendraient pas la langue de Descartes ; version normale pour les autres – s’il y en a.
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