C'est la concurrence qui met un prix juste aux marchandises et qui établit les vrais rapports entre elles.
Montesquieu – De l'esprit des lois
En ces temps de crise, la notion de juste prix tend à s’effilocher. On voit en effet un peu partout des soldes, des promotions, des cadeaux, tels qu’on refuserait d’acheter si on n’avait pas un bonus avec.
Et voilà déjà que des esprits chagrins se mettent à surveiller les prix et à nous avertir à grands cris indignés : les distributeurs augmenteraient leurs prix juste avant d’annoncer une baisse, qui leur permet d’appâter le client sans que ça leur coûte un centime…
Le juste prix n’aurait donc pas d’existence ?
Hé bien si, au contraire – voyez la leçon donnée par Montesquieu :
1 – Il existe un juste prix des marchandises.
2 – Ce juste prix est fixé par le marché.
Tous les prix sont donc la conséquence du marché, et lorsque la demande diminue, les prix doivent baisser. Comme pour le baril de pétrole.
Répétons-le : tout ça c’est le juste prix, il existe et il n’y en a pas d’autres.
Et en particulier, pas le prix déterminé par le temps de travail (1).
Et le travailleur dans tout ça ? Lui qui pour vivre n’a que le produit de son travail, et dont les besoins sont fixés par la nature et non par les fantaisies du marché, que va-t-il dire ?
Hé bien il va relire Montesquieu, et comprendre que ce qu’il doit réclamer, c’est la libre concurrence, celle qui va maintenir au plus bas le prix du pain (ou plutôt : du Big-Mac), en même temps que son salaire va diminuer parce qu’il est mis en concurrence avec les marchés asiatiques.
Là, je vous laisse le choix de vivre comme un chinois ou de faire la Révolution. (2)
(1) Complément pour les curieux qui ne connaîtraient pas la modalité de la fixation des prix.
- Selon la théorie du marché, le prix n’est qu’un rapport et non une réalité matérielle. Rapport établi par le marché, il n’est juste que par la libre concurrence.
- Selon la théorie de l’équivalent-travail (voir Marx), le prix est un substitut qui renvoie à la quantité de travail cristallisée dans la marchandise.
(2) Troisième solution : ce sont les chinois, qui ont déjà fait la révolution, qui décident de vivre comme nous.
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