Saturday, May 02, 2009

Citation du 3 mai 2009

Il faut mettre de petits hommes dans les petits emplois : ils y travaillent de génie et avec amour-propre ; loin de mépriser leurs fonctions subalternes, ils s'en honorent. Il y en a qui aiment à faire distribuer de la paille, à mettre en prison un soldat qui n'a pas bien mis sa cravate, ou à donner des coups de canne à l'exercice ; ils sont rogues, suffisants, altiers, et tout contents de leur petit poste ; un homme de plus grand mérite se trouverait humilié de ce qui fait leur joie, et négligerait peut-être son devoir.

Vauvenargues – Réflexions et maximes

Bon, il est assez évident que cette citation de Vauvenargues liquide le principe selon le quel qui peut le plus peut le moins. Non : qui peut le moins est le seul à le pouvoir, et on doit lui rendre cet hommage, que cet emploi subalterne ne saurait convenir à un être mieux doté par la nature.

Je me faisais une joie de resservir cette citation pour illustrer le pantouflage, pratique dont on soupçonne certains de nos politiciens au rancart de faire usage pour se remplir les poches sans vraiment se fatiguer (1).

Oui mais voilà que je révise les définitions données sur le Net, qu’elles soient en français ou en anglais : et du coup je constate que le côté « fonction subalterne » disparaît au profit de la valeur « fonction dans une entreprise privée ». Le pantouflage correspondrait à un fonctionnaire qui opterait pour une carrière dans le privé et non dans le service public pour le quel il avait été pourtant formé.

Et puis je me dis : quand même, si on n’avait pas cet aspect enrichissement sans responsabilité, pourquoi irait-on pantoufler ?

Reste que Vauvenargues, sans même y songer nous donne une leçon d’humilité : les fonctions subalternes sont trop importantes pour les confier aux grands et aux puissants. Car de leur accomplissement dépendent beaucoup d’autres choses : il faut que « l’intendance suive » pour que les plans des grands stratèges aboutissent.


(1) Non je ne pense à personne, c’est juste une généralité – hélas !

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