Sophocle – Les Trachiniennes
Dis-moi comment tu interprètes cette sentence et je te dirai qui tu es.
- S’agit-il de considérer qu’une vie heureuse est une vie dans la quelle le bonheur l’emporte sur le malheur ? Que la colonne où l’on décompte les évènements heureux, soit plus longue que celle qui additionne les évènements malheureux ? Bref, qu’une vie ne peut être déclarée heureuse qu’en terme de bilan.
Je salue en toi, cher lecteur le gestionnaire qui organise sa vie en comptable pointilleux.
- S’agit-il au contraire de dire que la vie ne s’évalue qu’à son terme parce qu’elle forme un tout dont chaque partie n’a de sens que par rapport l’ensemble ? Qu’une vie heureuse est une vie réussie, et que réussir sa vie ce n’est pas autre chose que la construire comme on construit sa maison ? Que chaque bonheur ou chaque malheur n’est en réalité qu’un détail qu’on ne peut évaluer pour lui-même mais par rapport seulement à l’édification qu’il parachève ou qu’il détruit. Bref, une vie, c’est une œuvre dont la réussite n’existe que par la totalité achevée.
Je salue en toi l’artiste ou le philosophe qui pense sa vie et qui vit sa pensée.
Mais tout compte fait, je me demande si on doit opposer l’une à l’autre ces deux évaluation.
Que notre vie soit faite de petites jouissances qui se succèdent, comme les perles d’un collier, mais qu’il y ait un fil pour les relier entre elles de telle sorte qu’elles tiennent ensemble, quoi d’étonnant ?
Et que ce soit au terme de notre vie que seulement, oui seulement là, au seuil du trépas, nous jouissions du bonheur est-ce plausible ? Nous serions jugés heureux mortel en mourant ? Et par qui le serons-nous si nous mourons ? Par la renommée ?
La belle affaire !
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