Saturday, July 09, 2011

Citation du 10 juillet 2011

« Allons ! Finissons-en, Charles attend ! »

Paroles de Louis XVIII sur son lit de mort entouré de ses médecins

Sans doute n’aurais-je pas prêté attention à cet extrait de l’article Wikipédia consacré au calembour s’il n’avait été suivi de cette parenthèse explicative : charlatans et évocation de son successeur, Charles X.

Ça vous fait rire ? (1) Pas sûr…. D’où la question qui apparait maintenant : pourquoi fait-on des jeux de mots, des calembours, qu’est-ce qui les rend légitimes ? Ou plutôt, pourquoi nous sont-ils parfois insupportables ?

Pour moi, il y a deux situations qui rendent ineptes les calembours :

- Ceux qui sont faits par des gens qui attendent qu’on en suffoque d’admiration ;

- et d’autre part ceux qui prennent la peine (comme ici) de les expliquer.

Parfois en effet, certains de ceux qui font des calembours attendent un rire complice montrant qu’on reconnait la brillance de leur intelligence : on fait un calembour pour montrer qu’on a de l’esprit – ce qui était nous dit-on le cas de Louis XVIII (enfin, peut-être pas sur son lit de mort...).

Le calembour est-il une preuve d’esprit ? Si oui, de quelle façon ? En montrant qu’on sait jouer avec les mots ? Qu’on a du vocabulaire ? Qu’on sait échapper à la banalité de la conversation en créant la surprise ?

Oui, c’est ça : le calembour n’est drôle que quand il crée la surprise, qu’il est en rupture avec la situation, ou avec le droit fil du discours. Trop souvent répété il devient une vilaine manie, un ricanement mécanique, il n’amuse pas. Par contre, s’agissant du roi de France, moribond et se permettant une « vanne » comme on dirait aujourd’hui, voilà qui – faute de faire rire parce que la situation ne s’y prête pas – devient intéressant.

Peut-on reprocher au calembour son manque de sérieux ? Oui, bien sûr, mais est-ce bien un reproche dans ce cas ? Je crois qu’il apparait plutôt comme une fenêtre ouverte sur autre chose, une bouffée d’air dans le lieu confiné du discours sérieux.

… Ou de la situation sérieuse : dans le cas de Louis XVIII, c’est un peu comme s’il disait : Oui, je meurs, mais ce n’est pas si grave que ça… pour mon médecin ou pour mon successeur.

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(1) Si tu es gai, ris donc !

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