Thursday, July 14, 2011

Citation du 15 juillet 2011

L'art de la guerre, c'est de soumettre l'ennemi sans combat.

Sun Tzu – L'Art de la guerre

La guerre est le prolongement de la politique par d'autres moyens.

Carl von Clausewitz (déjà cité le 23-07-2006)

Voilà deux citations qui s’opposent, car si l’une fait de la guerre l’ultima ratio (1), le dernier et ultime moyen pour amener une nation à se plier à notre volonté, l’autre en revanche estime que la guerre elle-même englobe cet art de la diplomatie – ou de la ruse – qui peut contourner la violence.

Peut-être ai-je parlé un peu vite. Car, durant la guerre, la ruse n’est pas forcément une forme de diplomatie. Supposons que l’on parvienne à persuader l’ennemi qu’on dispose de forces très supérieur aux siennes et que, grâce à cela, on obtienne sa reddition : ce n’est certes pas de la diplomatie, et pourtant, comme le dit Sun Tzu, on est arrivé à soumettre l'ennemi sans combat.

En fait, le problème est de savoir quand – et donc pourquoi – on déclenche une guerre. Clausewitz parait bien optimiste quand il estime que la guerre vienne après la diplomatie, qu’elle est toujours l’ultima ratio. Pourtant, combien de guerres se sont déclenchées sans négociations – sans même de déclaration ? On se rappelle Pearl Harbour.

Reste que l’ennemi est alors déjà défini, et qu’en général on sait qui est notre ennemi et pourquoi : les américains en 1941 savaient bien qu’ils avaient quelques soucis à se faire à propos du Japon.

Mais par contre et pour évoquer la même période, les français de 1939 ne savaient pas tous que les allemands étaient leurs ennemis. Leur pacifisme – en réalité leur refus de la guerre – était lié à ce qu’ils ne voyaient vraiment pas pourquoi les allemands pourraient vouloir leur faire la guerre : n’avaient-ils pas le même ennemi que nous : les bolchevicks ? (2). Faire la guerre à l’URSS, pourquoi pas ? Mais faire la guerre à Hitler, pourquoi donc ?

Nous comprenons alors que la guerre est un acte de politique intérieure autant que de politique extérieure. Avant toute chose, il faut déjà persuader le peuple que celui à qui on déclare la guerre est bien notre ennemi.

Ah… J’oubliais : il faut aussi le persuader qu’il est suffisamment notre ennemi pour justifier les sacrifices qu’on consent pour lui faire la guerre.

Et ça, c’est ce qui commence à faire défaut dans les engagements de l’armée française aujourd’hui.

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(1) C'était une des maximes de Richelieu que le canon est l'ultima ratio des rois. Lire la suite

(2) D’où la stupeur lors de la signature du pacte Germano-soviétique (23 aout 1939) – mais il était déjà trop tard pour comprendre, la guerre était à nos portes (3 septembre 1939)

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