Citation du 6 juillet 2011

Ce n'est pas la misère qui provoque le besoin d'égalité, mais la richesse.

Frédéric Dard (alias San Antonio)

Commentaire II

(Suite du 5 juillet 2011)

En paraphrasant Alain (1), on pourrait dire: l’Egalité, c’est bon pour les riches.

Et nous le prouvons : qui donc demande que soit respectée l’égalité ? Ceux qui estiment que la situation est bonne telle qu’elle est, ou bien ceux qui veulent tout changer ?

--> Le miséreux, lui, n’en est pas là. Il ne réfléchit pas en terme de principes, ni en terme de justice sociale. Il cherche simplement à survivre, et la main que tend le mendiant n’a rien à voir avec le poing levé du révolutionnaire.

Autrement dit, la misère n’engage pas trop à réclamer la justice et le droit : elle est aux prises avec la réalité au jour-le-jour, et ça lui suffit bien.

On m’opposera les révoltes de la faim et – mieux encore – la révolution tunisienne contre la misère et le manque de perspectives d’avenir. Mais le malheureux qui s’est immolé par le feu et qui a déclenché sans le savoir la révolution était justement acculé par le pouvoir à crever de faim : la révolte – y compris par le suicide – était devenu la seule issue. Il n’a pas dit : Je me suicide pour protester contre ce régime pourri (2). Il a dit : Puisque vous me retirez le dernier moyen qu’il me restait pour vivre, je n’ai plus qu’à disparaitre.

Ce n’est pas une protestation pour exiger l’égalité, mais pour exiger le droit de vivre.

Alors maintenant, comment Frédéric Dard peut-il écrire que les riches sont ceux qui réclament l’égalité ? Lui qui vivait en Suisse, devait pourtant connaître la psychologie des riches. Disent-ils « Je veux que chacun puisse rouler en Cayenne comme moi ? » : je doute qu’il l’ait jamais entendu…

Disent-ils : « Principe d’égalité : Que chacun ait le droit à rouler en Cayenne » ? (Cf. Commentaire I)

Ça, peut-être – Oui.

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(1) Qui écrivait dans un des ses Propos : La morale, c’est bon pour les riches (à lire ici).

(2) Ça, c’était le fait des bonzes du Vietnam et de Jan Palach lors de l’entrée des chars russes à Pragues