Jules Renard. Journal – 30 janvier 1889
L'idéal du calme est dans un chat assis. Curieuse idée… Pourquoi pas plutôt dans le chat couché, dormant, ou bien jouant avec insouciance ?
D’abord, je me suis dit que décidément les chats sont l’occasion de bien des observations curieuses (comme celle des chinois de Baudelaire). Et puis j’ai consulté mon Google-Images et j’ai constaté que parmi la myriade d’images de chat il y en a très peu qui représentent le chat assis. Et je me suis dit que si c’était si peu intéressant c’est peut-être, justement, parce que ça représente le calme.
Voyez ce chaton : il ne dort pas, il ne somnole pas – d’ailleurs un chat si maigre ne peut pas se permettre un tel relâchement. Il est dans la nature (= les fleurs) sur une souche (= position élevée), et il est vigilant (= voir les oreilles). En quoi consiste son calme ?
Si on s’en tient aux quelques observations que je viens de faire, on suggérera que le calme est avant tout dans la domination des éléments, dans l’harmonie qu’on a su instituer entre eux. Le chat est parfaitement relâché, mais on devine qu’il est capable de mobiliser toute la mécanique de son corps pour bondir dans l’instant si nécessaire. De même, on le devine complètement à l’affut des signes évoquant une proie possible, et pourtant sans tensions ni attention forcée. Car le calme du chat a ceci de particulier qu’il est à la fois vigilant et infatigable. Le chat est même capable de veiller en somnolant, ce que nos sentinelles ne sauraient pas faire…
No comments:
Post a Comment