Mon très cher petit Lou je t’aime / Ma chère petite étoile palpitante je t’aime
Apollinaire – Poème à Lou (Extrait des Lettres à Lou)
Il faut lire ce poème d’Apollinaire pour se persuader que la poésie transcende et transmue le prosaïque.
Car, quoi de plus prosaïque que les détails du corps féminin évoqués dans toute leur nudité et avec toute cette crudité ? Tellement précis que nous pourrions même reconnaitre le corps de Lou si d’aventure il nous apparaissait : Lou n’est-elle pas la seule femme dont le sein gauche soit différent du sein droit ?
Je ne puis me défaire d’une certaine tristesse quand je lis ces lettres : Lou ne méritait pas Guillaume Apollinaire. Elle l’a exploité et cocufié de la pire façon, lui qui était alors soldat au front et qui fut blessé d’un éclat d’obus – et qu’il fut consentant ne change rien à l’affaire : comment mépriser à ce point celui qui aime comme aimait Apollinaire ? Et qu’il aimât en même temps une autre femme que Lou ne change rien non plus.
Je veux dire qu’on est au-delà de la sincérité, on est dans le plus profond de la vie, là où les mots sont des actes qui ne peuvent tromper. Les amoureux, les vrais, sont nécessairement des poètes ; et quand ils sont déjà poètes ? Ils s’appellent alors Guillaume Apollinaire.
D’ailleurs, les femmes ne s’y trompent pas : elles reconnaissent toujours en lui l’icône de l’amour.
(On aura reconnu Miss.Tic et La Gabin au Père Lachaise)
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