Je pense à la mort, et je ne puis me persuader qu'il ne me reste plus qu'un nombre limité d'étés à vivre
Gide – Journal, 1917
Été – I
Quelle est la saison la plus importante de l’année ? Je veux dire : la plus importante pour vous ? On pense plutôt au printemps, n’est-ce pas ? On dira par exemple d’une vieille personne particulièrement vivace qu’elle a 80 printemps. Ou alors, autre exemple, chez Théophile Gautier, le printemps symbolise la jeunesse et la beauté :
Le printemps parfumé, beau comme un jeune amant, / Avec ses bras de lis environnant la terre, / Aux avances des fleurs répondait doucement. Théophile Gautier, Poésies 1872
Oui, mais voilà, songeant au peu d’années qui lui restent à vivre (1), Gide parle des étés qui lui restent à vivre : les étés – pas les automnes, pas les hivers bien-sûr, mais pas les printemps non plus.
L’été est le symbole de la maturité, de la plénitude. Alors que l’automne est déjà la saison où la nature se prépare au grand sommeil de l’hiver, l’été est celle où la vie s’extériorise le plus. Non pas en promesses, mais en dons réels.
--> Ni séduction enjôleuse, ni regret des richesses perdues, mais plénitude de la jouissance des biens effectifs : l’été serait alors la saison que l’on vit pleinement au présent.
La moisson de nos champs lassera les faucilles, / Et les fruits passeront la promesse des fleurs. (François de Malherbe – Prière pour le roi allant en Limousin)
Bon – Vous avez donc le choix : ou bien vous préférez le printemps beau comme un jeune amant, ou bien c’est l’été avec l’abondance des moissons…
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(1) Entre parenthèse, Gide se lamente sur la brièveté de son avenir en 1917, alors qu’en fait il est mort en 1951
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