Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, ni ne jetez
vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils les piétinent de leur pieds, et
que, se retournant, ils ne vous déchirent.
Evangile de Matthieu
7:6
Nolite mittere margaritas
ante porcos (ne jetez pas les perles aux pourceaux) : ce proverbe qu’on a conservé
sous la forme latine de la Vulgate, est extrait du Sermon sur la montagne, dont le chapitre 7 est un véritable trésor
des locutions proverbiales que nous utilisons encore aujourd’hui sans même connaitre leur origine. Il arrive même
parfois que nous les adaptions dans un langage plus proche de nous, tels
que : « Ne donnons pas de la
confiture à un cochon ».
Avant d’être une recommandation d’éviter de perdre son
temps à vouloir convertir ceux qui n’ont pas le sens du spirituel, ce proverbe
opère déjà une distinction entre les « cochons » et les autres.
Qui sont donc ces cochons ? Des matérialistes et des
athées ? Oui, bien sûr. Mais aussi, dans un sens plus profane il s’agit
surtout ce tous ceux qui ne font pas partie de notre élite, et même –
outrecuidance exorbitante – qui refusent de nous suivre et nous méprisent au
lieu de reconnaitre la supériorité de nos valeurs.
Pour nous qui employons ce proverbe en-dehors du domaine
religieux, ces cochons sont par exemple des « mépriseurs » d’œuvres
d’art, ceux qui devant un tableau de Picasso demandent : « Qu’est-ce
que ça représente ? » ou devant une œuvre de Miro : « Mon
fils est à la maternelle : il en fait autant chaque jour. »
Je dois dire que le refus de donner nos perles à des
cochons est une attitude plutôt réconfortante : puisque ces gens sont des
porcs dans la mesure où ils refusent d’être nos disciples, c’est donc que nous
sommes des maitres.
Mais si on y regarde mieux, on peut aussi observer que
c’est là l’origine de l’ésotérisme, puisqu’on interdit la diffusion du savoir à
ceux qu’on n’estime pas digne de le recevoir (1). Ne va-t-on pas être alors le
complice de toutes sortes d’obscurantismes ? Cette posture ne risque
donc-t-elle pas de couvrir toutes les impostures ?
L’Evangile nous met en garde contre une perte de
temps ; on pourrait, par précaution, prendre quand même le temps de parler à ces
cochons.
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(1) Pour le philosophe, la référence ici est la LettreVII de Platon.
1 comment:
Leur parler et même leur sourire humainement, chaleureusement, leur expliquer un angle de vue du monde sans les juger car à chacun sa sensibilité et ses expériences !!!
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