Ses yeux profonds sont faits de vide et de ténèbres, / Et son crâne, de fleurs artistement coiffé, / Oscille mollement sur ses frêles vertèbres. / O charme d'un néant follement attifé.
Charles Baudelaire –
Les Fleurs du Mal (1857), XCVII - Danse macabre
La camarde qui ne
m’a jamais pardonné / D’avoir semé des fleurs dans les trous de son nez...
Georges Brassens –
Supplique pour être enterré sur la plage de Sète (1) –
Paroles ici)
La Danse de la mort,
par Michael Wolgemut (1493)
A propos de Danse macabre, n'oublions pas celle de Camille Saint-Saëns (citation du 13 avril 2014)
La Mort, personnage fantasmagorique qu’on va « convoquer » pour la période d’Halloween, n’est pas qu’une faucheuse de vie ; elle est aussi une semeuse de Néant, ce Néant qui est pour nous impensable, irreprésentable – est-ce la raison pour laquelle elle est représentée de façon fantastique ? Sans doute.
Mais, la question est : que veut-on obtenir avec
cette représentation grotesque de la mort ?
- Veut-on exorciser la peur que nous en avons et faire,
un peu comme Brassens, de ce personnage un compagnon qui s’imbibe de vie à
cheminer ainsi avec nous ? Dans ce cas, il faudrait évoquer aussi la fête
d’Halloween dont nous parlions il y a un instant : faire cliqueter les
squelettes et grimacer les têtes-en-os serait donc une façon de dire que nous
les dominons, que tout ça ce n’est pas nous, parce que nous n’avons pas de
squelette.
- Dans le cas
spécifique des Danses macabres, on a aussi et surtout la volonté de montrer que
la mort est absolument égalitaire : quelle que soit la condition sociale,
le riche comme le gueux va mourir un jour prochain. Non seulement nous mourrons
tous également, mais encore nos os, blanchis dans la tombe, seront absolument
identiques, qu’on soit l’esclave noir ou le maitre blanc.
Armstrong, un jour,
tôt ou tard, / On n'est que des os... / Est ce que les tiens seront noirs ?
Ce serait rigolo / Allez Louis, alléluia ! / Au-delà de nos oripeaux, / Noir et Blanc / Sont ressemblants / Comme deux gouttes d'eau
Ce serait rigolo / Allez Louis, alléluia ! / Au-delà de nos oripeaux, / Noir et Blanc / Sont ressemblants / Comme deux gouttes d'eau
Allez ! Une récompense pour ceux qui m’ont lu jusqu’ici :
je vous offre la chanson de Nougaro.
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(1) On lira les paroles ici. De fait, comme on le sait,
c’est dans le Cimetière marin donc sur la corniche et non en bas, sur la plage,
que Brassens est enterré (effectivement non loin de Paul Valéry)
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