Le grand problème du monde moderne, c’est
l’évacuation de ses résidus. Ce qui a
manqué à l’univers, c’est le trou de départ, une poubelle naturelle où déverser
la matière des trous à venir. Et maintenant, avec les bricoles radioactives, ça
se complique salement.
San-Antonio
– Tango Chinetoque (1965 – Lire la critique ici)
Série
San-antonienne – II
Tous les déchets produits par l’activité
humaine sont, depuis l’origine de l’humanité, des résidus impossibles à insérer
dans un cycle naturel : c’est d’ailleurs la définition même du
déchet – à savoir : ce qui résulte d’une activité de production et
qui reste totalement improductif. C’est comme cela qu’il faut interpréter la
remarque de San-Antonio regrettant l’absence de trou de départ : San-Antonio imagine le jardinier creusant un
trou pour planter un arbre : que faire de ce monticule de terre, sinon
s’en servir pour reboucher un autre trou, un trou déjà-là ? Dès que
l’homme a commencé à travailler (disons, depuis qu’il a été chassé du paradis)
il a commencé à creuser des trous – seulement voilà : pas de trou
initial à combler, et donc pas de poubelle naturelle : nulle trace d’une poubelle céleste dans la Genèse.
Alors, certes, la Création est supposée
fonctionner en circuit fermé, sans déchet. Lorsque l’herbivore mange l’herbe il
est mangé à son tour par le carnivore, lequel en mourant ira engraisser la
terre qui lui servira de sépulture, permettant ainsi à l’herbe de repousser.
Oui, comme nous l’avons dit, ce qui
caractérise l’activité humaine c’est qu’elle ne se compense pas dans un cycle naturel.
Seulement, quelle importance ? Si
au lieu de combler un trou, nos déchets servent à construire une colline ?
En creusant la mine, nous avons entassé les déchets dans des terrils qui rythment
agréablement le paysage d’un pays désespérément plat : on y gagne !
Ces déchets sont extraits des entrailles de la terre : qu’ils soient
en-dessous ou au-dessus, ça ne change rien.
Mais, voilà que ces déchets sont des bricoles radioactives : c’est
là que ça se complique salement !
La suite à demain – si vous le voulez bien.
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