On pense aujourd’hui à la révolution,
non comme à une solution des problèmes posés par l’actualité, mais comme à un
miracle dispensant de résoudre les problèmes.
Simone
Weil (1) – Oppression et liberté (1933-1943) [p. 127 de l’édition numérique
(voir ici)]
Le monde où se déroulent les révolutions
n’est pas le monde réel. C’est un monde imaginaire où les problèmes se
résolvent comme par miracle. Du coup, on comprend que dans le monde réel, les
révolutions non seulement ne résolvent rien, mais qu’elles dispensent de chercher
à résoudre les vrais problèmes. Les révolutions sont des fabriques à illusions,
comme les mirages qui donnent à croire qu’il y a des fontaines dans le désert.
Malheureusement, Simone Weil avait raison
et au-delà peut-être de ce qu’elle croyait.
Dans son texte, elle évoque les
incantations qui, comme des prières religieuses, appellent la Révolution comme
un secours occulte et attendent d’elle qu’elle
balaie les affameurs du peuple (2).
Oui, mais : en 2014, la Révolution
c’est une très vieille lune dont on a appris à se passer depuis longtemps.
Quoique… On a peut-être appris à se
passer de l’espoir dans la Révolution, mais sûrement pas à renoncer au « miracle dispensant de résoudre les problèmes »,
comme en témoignent les atermoiements de nos dirigeants devant les « douloureuses réformes » qui
seraient nécessaires pour résoudre les
problèmes justement.
o-o-o
Du coup, me voici envahi par une image
dont je n’arrive pas à me défaire : je vois notre Encore-Actuel-Président
dans sa chambre Elyséenne. Il est à genoux au pied de son lit-de-Président, et
il prie : « Mon Dieu, faites
que la Reprise vienne, que les Français se décident à vider leur bas-de-laine,
que l’Europe nous aime… »
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(1) On ne confondra pas avec Simone
Veil, femme politique bien connue, à l’Académie française depuis 2008
(2) « On attend qu’elle tombe du
ciel ; on attend qu'elle se fasse, on ne se demande pas qui la fera. » :
c’est pourquoi j’ai écrit « appellent la Révolution » et non
« appellent à faire la
Révolution ».
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