La science n’est rien de plus que l’exploration d’un miracle que nous n’arrivons pas à expliquer, et l’art l’interprétation de ce miracle.
Ray
Bradbury – Chroniques martiennes
Encore un Miracle ! Après
l’apparition du petit enfant (hier), voici le miracle de la création :
qu’il y ait quelque chose plutôt que rien du tout : voilà le miracle.
On dit : oui, mais le
Big-Bang : en voilà une explication --> à un moment, ça a pété, et du
coup tout déroule à parle de là. Sauf que le petit atome originel : d’où
vient-il ? Notre esprit est incapable de penser la cause première, sauf à
l’attribuer à un miracle.
o-o-o
Hop ! Nous voici débarrassés du
miracle : tournons-nous donc vers ce qui constitue le vrai intérêt de
cette citation : la comparaison entre la science (qui explore) – et l’art
(qui interprète). On passe ainsi un cran au-delà de l’habituelle distinction
entre création artistique et reproduction matérielle. Que l’œuvre d’art, à
l’opposé de tout ce que fait l’homme, puisse être dénuée de toute utilité,
c’est une banalité. Mais qu’elle soit ce qui interprète, autrement dit ce qui
donne du sens : voilà qui est plus original.
- Si la science explore, c’est en
mettant de côté toute finalité. Que l’homme existe dans l’univers, c’est un
phénomène pas plus intéressant aux yeux du scientifique que l’existence du
colibri ; en tout cas, le principe initial c’est qu’on doit se dire que si
tout cela existe, c’est simplement parce que ça a été possible – autrement dit :
ça aurait pu aussi bien ne pas être. Et non parce que ça devait permettre
l’éclosion de quelque chose d’autre, comme le prétend le principe anthropique (1).
- L’artiste quant à lui introduit un
facteur tout à fait différent : la subjectivité. Si le savant doit effacer
sa propre subjectivité (du moins du protocole expérimental), l’artiste quant à
lui introduit nécessairement son point de vue. Et ce point de vue est forcément
une interprétation soit d’un objet représenté ; soit des états d’âme du
créateur ; soit du but qu’il donne à sa vie.
Que ce point de vue soit élevé, à ras de
terre, qu’il soit perché sur Sirius ou situé au coin de la rue, de toute façon
c’est l’œil ou l’esprit du créateur qui s’impose. Libre à nous de l’admirer ou
de vouloir en changer. On peut contester la Joconde (trouver qu’elle serait
plus intéressante en maillot de bain par exemple), on ne peut contester
l’attraction universelle.
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(1) « L’univers et donc les
paramètres fondamentaux dont celui-ci dépend doit être tel qu’il permette la
naissance d’observateurs en son sein à un certain stade de son développement. »
(Source : Wiki)
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